
A la veille de sa première tournée en Europe, Asian Kung-fu Generation (Ajikan) a accordé une interview exclusive à Zoom Japon. Si vous n’avez jamais entendu du rock japonais, c’est le moment de développer votre ouïe ! Le groupe Asian Kung-fu Generation débarque en Europe pour une première tournée. Ajikan, comme l’appellent les fans, s’est fait connaître dans le monde grâce à des morceaux repris dans des dessins animés très populaires tels Naruto ou Fullmetal Alchemist. Pourtant, les quatres membres du groupe font plutôt penser à Weezer ou aux Beatles. La musique, elle non plus, n'a rien à voir avec les groupes “idol” de la J-pop. Elle nous transporte bien au-delà, sur ce petit archipel à l’imagination foisonnante qui sait mêler toutes les sonorités pour sortir un son original. Formé en 1996, Ajikan a à son actif plus de 140 morceaux et figure parmi les groupes les plus populaires au Japon. Les illustrations de leurs albums sont aussi des œuvres poétiques qui rappellent les héroïnes de Miyazaki Hayao ou la grâce d’une Yoko Tsuno revisitée. Derrière l’aspect purement rock d’Asian Kung-fu Generation, se cache un concept à part entière tourné vers l’Asie et qui dépasse la sphère musicale depuis le 11 mars 2011. Après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le chanteur et leader du groupe, Gotô Masafumi, s’est en effet improvisé rédacteur en chef d’un journal gratuit, The Future Times, dont il écrit la plupart des reportages. Tout en assurant la sortie d'un septième album en 2012, Landmark, Ajikan a également initié le premier festival anti-nucléaire No nukes à Tôkyô aux côtés de Sakamoto Ryûichi. “Le but n’est pas de faire du militantisme, mais de faire réfléchir les jeunes sur des questions essentielles”, assure Gotô. A l’image de la très belle chanson Marching band, le groupe semble plus que jamais accompagner la jeune génération japonaise vers un monde meilleur. Inutile de dire qu’on n’a pas besoin de comprendre le japonais pour en apprécier la couleur ! Alissa Descotes-Toyosaki C’est votre première tournée européenne, comment imaginez-vous le public ? Gotô Masafumi, chant : Je ne sais pas, j’éspère que tout le monde ne va pas venir en tenue de cosplay! (rires) Sinon il va falloir que, nous aussi, on soit habillés comme ça! Il est vrai que les groupes japonais connus en Europe ont un look très extravagant, les hommes sont maquillés. Ce sont des “idols”. Mais nous, nous sommes très banals! Kita Kensuke, guitare : Oui et en plus, nous sommes des ojisan, des vieux ! (rires) Pouvez-vous nous raconter vos débuts ? G. M. : On s’est rencontrés à l’université à Yokohama, il y a 17 ans, et on ne s’est plus quittés, soit la moitié de notre vie passée ensemble ! Au début, on a fait des petits concerts devant presque personne. Ça a duré 4 ans. Ensuite, on est sortis de l’université et à partir de là, on a décidé de nous investir à fond. On a augmenté le nombre de concerts à Tôkyô, puis on a commencé à être invités pour jouer dans des soirées. En 2003, le label Ki/oon Records nous a contactés pour remettre en vente l’album Hookai amplifier sorti sur un label indies, c’était un cas exceptionnel. On a donc signé, arrêté nos boulots, car on travaillait aussi comme salarié dans des entreprises, et on est devenus des freeters, travailleurs à temps partiel. Votre époque indies a duré de 1999 à 2003. Avez-vous eu des difficultés à vous produire ? G. M. : Oui, ce n'était pas évident, car on ne savait pas trop comment faire. Tout était artisanal. J'avais un Mac et je faisais la promo sur la Toile. K. K. : Comme je ne sais pas du tout me servir de tout ça, je repassais les T-shirts. G. M. : Tout était cher, le parking pour la voiture, l'essence. On tombait toujours à zéro après les concerts ou les ventes, sans perte ni bénéfice ! Certaines de vos chansons sont utilisées comme génériques pour des animés, vous êtes fans vous-mêmes de mangas? G. M. : A franchement parler, on n'est pas trop calé à ce niveau-là et à nos âges, c'est difficile de s’y mettre. Nos références se situent...
