
Installé à Kawasaki depuis près de 20 ans, le chef algérien s’est taillé une solide réputation grâce à sa grande générosité. Le regard en dit long. Il y a dans le regard de Lakhdar Belouazani quelque chose de fort. Quand il pose les yeux sur vous, vous sentez toute la détermination et toute l’énergie qu’il a mises pour réussir à devenir l’un des grands maîtres des soba au Japon, le seul étranger reconnu par une profession peu encline à l’ouverture. “C’est une question de cœur”, explique le cuisinier qui a dû attendre de nombreuses années avant d’être accepté. “Ça fait 18 ans que j’ai ouvert ce restaurant. Il a fallu du temps, beaucoup de temps pour gagner la confiance des gens”, ajoute-t-il. C’est peut-être parce que ces nouilles de sarrasin appartiennent à leur tradition et à leur quotidien que les Japonais se sont montrés si réticents à son égard. “Les Japonais mangent au moins une fois par jour des soba. Certains en mangent deux ou trois fois par jour. Ils peuvent donc être très difficiles. On peut faire de bons soba, mais rater sa soupe. Dans ces cas-là, on sera mal jugé. C’est une question d’équilibre. Et pour trouver cet équilibre, il faut avoir fait le tour du Japon et goûté des centaines et des centaines de soba. Ça, je l’ai fait. J’en ai tiré cet équilibre qui me permet de faire aujourd’hui des soba bien meilleurs que ceux de nombreux Japonais. Encore une fois, c’est une question de cœur. Si on a un bon cœur, les soba seront bons”, martelle Lakhdar Belouazani. La clientèle ne s’y trompe pas. Bien que son restaurant soit implanté à Kawasaki au bout d’une rue commerçante située à proximité de la gare de Musashikosugi, le chef reçoit une clientèle diverse qui n’hésite pas à faire le déplacement pour goûter par exemple ses savoureux soba au yuzu, le cousin du citron vert. “J’ai mon site Internet et les médias ont pas mal parlé de moi ces dernières années”, confirme-t-il. Mais le plus important, c’est le kuchikomi, le bouche-à-oreille. “Les gens veulent savoir où l’on mange de bons soba. Souvent c’est le nom de mon ...
