
Si l’on fait un grand saut vers la fin de la décennie, l’angoisse adolescente s’est transformée en une guerre ouverte contre toutes les formes de pouvoir – y compris le système d'éducation autoritaire qui semble être resté au Moyen Âge –et la soumission du gouvernement japonais à la politique étrangère américaine, notamment au Vietnam. Suzuki Seijun était toujours là, mais pas pour longtemps, puisque son flamboyant film de yakuza, La Marque du tueur (Koroshi no rakuin, 1967), fut jugé incompréhensible par son studio, la Nikkatsu, et le réalisateur fut mis à la porte sans ménagement un an plus tard. Le cinéaste a répondu en convoquant une conférence de presse où il a dénoncé le comportement injuste du studio. Un comité de soutien à Suzuki (composé de cinéastes, d’acteurs et de groupes d’étudiants) a été rapidement créé et a réussi à mobiliser le public dans des manifestations de masse qui se sont mêlées à d’autres groupes dissidents dans les rues de Tôkyô, notamment à Shinjuku. Parmi les personnalités présentes à la conférence de presse de Suzuki Seijun figurait Ôshima Nagisa, l’une des figures majeures de la Nouvelle Vague. Il a sorti deux films en 1968, mais nous sommes plus intéressés par Journal d'un voleur de Shinjuku (Shinjuku dorobô nikki). Inspiré par le récit autobiographique Journal du voleur de Jean Genet (1949) et tourné pendant les heures les plus chaudes de la révolte étudiante, ce film a été tourné presque entièrement dans le quartier et présente certains de ses endroits les plus importants, à commencer par la librairie...
