L'heure au Japon

Parution dans le n°89 (avril 2019)

00 Le succès commercial de ses produits dérivés en constante augmentation a été un facteur clé de la popularité d’Evangelion. En effet, c’est vers cette période que les propriétaires de magasins, les éditeurs et d’autres sociétés ont commencé à voir le potentiel commercial de la culture otaku. Jusque-là, les fans de mangas et de dessins animés étaient toujours perçus comme étranges et un peu effrayants, mais c’étaient certainement de bons clients disposant d’un grand pouvoir d’achat et qui semblaient ne pas avoir été affectés par la fin de la bulle économique. Alors que le nombre d’enfants japonais diminuait à un rythme alarmant (le taux de fécondité du pays étant tombé à 1,57 en 1989 pour chuter au niveau record de 1,26 en 2005), l'industrie du divertissement a commencé à cibler la population otaku et ses poches sans fond. Les otaku ont finalement trouvé leur terre promise à Akihabara, un quartier de Tôkyô qui, après la guerre, avait été un marché pour les composants radio avant de passer aux appareils électriques, et qui, dans les années 1990, a commencé à vendre des ordinateurs personnels. Ce processus a culminé en 1994, lorsque les ventes informatiques ont dépassé pour la première fois les autres produits électroniques grand public. De nombreux amateurs d’informatique étaient également fans de manga, d’anime et de jeux vidéo. En conséquence, la nouvelle ère du bricolage sur PC a vu une transformation progressive du quartier. Avec la sortie d'une nouvelle génération de consoles de jeux (Sega Saturn, PlayStation et Nintendo 64), de plus en plus de détaillants ont commencé à vendre des logiciels de jeux, inspirés notamment de l’univers du manga et de l’anime. Dans la seconde moitié des années 1990, la culture otaku a gagné encore du terrain avec la popularité croissante des groupes d’idoles (aidoru) et des maid cafés (meido kafe, ces endroits où les serveuses portent des uniformes de soubrettes). Formé en 1997 par l’auteur-compositeur-interprète Tsunku, le groupe d’idoles Morning Musume a lancé un modèle (affiné par la suite par la franchise AKB48) dans lequel la distance séparant les artistes de leurs fans était considérablement réduite. Par exemple, ces groupes apparaissent régulièrement lors de “conventions poignée de main” (rencontres où les fans sont à porter de main) dans tout le Japon, où leurs fans pouvaient les rencontrer et discuter avec elles, voire se faire prendre...

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