
Fidèle à sa démarche de promotion du patrimoine cinématographique, Carlotta ressort trois chefs-d’œuvre d’Ozu Yasujirô. Nous n’allons pas bouder notre plaisir de retrouver sur grand écran trois longs métrages du maître d’Ôfuna dont le plus célèbre d’entre eux Voyage à Tôkyô (Tôkyô monogatari, 1953). Considéré comme l’un des dix plus grands films de tous les temps, il met en scène un vieux couple (Higashiyama Chieko et Ryû Chishû) qui se rend dans la capitale à la rencontre de ses enfants. Surmenés et préoccupés par leurs seuls problèmes, ils ne réservent pas l’accueil que les deux parents escomptaient. L’indifférence dont les enfants font preuve les touche au plus profond. Seule leur belle-fille interprétée par Hara Setsuko, la pièce rapportée qui a perdu son mari à la guerre, exprime de l’attention à leur égard. C’est elle qui restera avec eux à leur retour chez eux lorsque la mère mourra. “Un de mes films les plus mélodramatiques”, dira Ozu dans un entretien accordé, en 1958, au magazine de cinéma Kinema Junpô, même s’il est exempt de tout effet sentimental. Dans Voyage à Tôkyô, on retrouve évidemment le thème des rapports familiaux si cher au metteur en scène. Il y montre comment le système familial japonais commence à se désintégrer sur fond de reconstruction du pays. Sorti un an après la fin de l’occupation de l’archipel par les Américains, on peut voir dans ce film les changements économiques et sociaux qui permettront quelques années plus tard au Japon de rejoindre le club des pays les plus...
