L'heure au Japon

Parution dans le n°113 (septembre 2021)

La mer occupe une place fondamentale dans la culture du pays et constitue un passage obligé quel que soit l’endroit visité. / Gianni Simone pour Zoom Japon Après 27 années passées essentiellement à Tôkyô, notre collaborateur nous entraîne dans un périple initiatique. Depuis combien de temps vivez-vous au Japon ? La vie d’un immigrant est souvent mesurée et jugée en fonction du temps qu’il a passé dans un certain pays, et le Japon ne fait pas exception. Lorsque vous rencontrez les habitants, vous êtes soumis à un certain type de questions (Que faites-vous ? Pourquoi êtes-vous venu au Japon ?), et la question du temps n’est jamais très loin dans leur liste. La même chose se produit lorsque vous rencontrez un autre gaijin (étranger). C’est comme lors d’une séance d’entraînement. Vous vous mesurez l’un à l’autre pour voir lequel d’entre vous a accumulé le plus de points d’ancienneté et peut se vanter d’être un expatrié. Certains sont plus agressifs, d’autres se comportent de manière plus détournée, mais tôt ou tard, vous arrivez à ce point : “Depuis combien de temps vivez-vous au Japon ?” C’est là que je joue mon as : 27 ans. A quelques exceptions près, je remporte la partie !Mais je ne suis pas là pour me vanter. En fait, c’est tout le contraire. Je suis ici pour avouer qu’après 27 ans de présence dans ce pays, je ne suis toujours pas sûr de bien connaître le pays. Je suis allé à Hokkaidô, j’ai visité les célèbres sites touristiques de Kyôto et de Nara, et pas grand-chose d’autre. Le fait est que j’adore Tôkyô et que, jusqu’à présent, je n’ai trouvé aucune bonne raison de quitter la capitale, même pour une semaine. J’ai passé les 27 dernières années à explorer ses rues et à enregistrer la façon dont la ville, tel un organisme vivant, change constamment et mute sans cesse en quelque chose qui ressemble toujours à la même chose, mais qui est toujours un peu différent.Aujourd’hui encore, lorsqu’on me demande ce que j’aime au Japon, je réponds toujours que j’aime Tôkyô, pas le Japon. Cette ville a été mon premier amour, et pendant longtemps, je n’étais pas vraiment curieux de voir ce qui se trouvait au-delà de ses limites. Pour être tout à fait honnête, je ne sais même pas pourquoi j’ai atterri au Japon en premier lieu.Avant d’aller à l’université dans mon pays (en Italie), j’étais à peine conscient de son existence. Pour moi, ce pays appartenait à une autre dimension, juste hors de portée. Il était trop éloigné de moi, tant physiquement que mentalement, pour susciter mon intérêt. Les seules choses que je connaissais du Japon étaient les geishas et les samouraïs. Et les anime aussi. Je n’étais même pas un fan d’arts martiaux. Quand j’étais à l’école primaire, mon meilleur ami s’était inscrit à un cours de judo et s’était cassé le bras. Cela a probablement contribué à me tenir éloigné d’un dôjô. Loin de l’agitation de la capitale, la province japonaise a tendance à s’éteindre. / Gianni Simone pour Zoom Japon Mais je suis quand même venu au Japon, en 1989, attiré par ma petite amie de l’époque. Le Japon était alors un endroit bien...

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