L'heure au Japon

Parution dans le n°73 (septembre 2017)

Le terme “precariato” et ses dérivés sont utilisés dans de nombreux pays occidentaux, mais avec des significations et des connotations légèrement différentes. Amamiya Karin est la personne qui a le plus contribué à populariser le terme au Japon. “Pour moi, ce mot concerne toutes les personnes dont les conditions de travail sont instables et qui ne connaissent pas la sécurité de l’emploi : les furitâ, les NEET [Not in Education, Employment or Training, personnes sorties du système scolaire sans perspectives] et les travailleurs pauvres. Mais il concerne aussi les chômeurs et ceux qui ont officiellement un emploi stable mais qui, pour différentes raisons, sont soumis à une pression constante au travail et risquent de perdre leur emploi à tout moment”, explique-t-elle. A ce propos, deux ans après s’être lancée dans sa carrière d'écrivain, Amamiya Karin est tombée par hasard sur Le Bateau-usine [Kanikôsen, éd. Allia]. Écrit en 1929 par Kobayashi Takiji, ce roman est l'histoire de l’équipage d’un bateau-usine qui se rebelle contre ses conditions de travail difficiles. Considéré comme l'un des meilleurs exemples de la littérature prolétarienne marxiste, il a été récemment redécouvert et connu un succès phénoménal dans l’archipel. “J'ai été étonnée de constater à quel point les conditions de travail avaient peu changé en 80 ans. Certaines personnes pensent que ce livre est une relique appartenant à une période historique très différente, mais pour moi, c’est tout à fait d’actualité. Par exemple, les lois actuelles en matière d'embauche, de gestion et de licenciement des travailleurs dits contractuels permettent aux entreprises d'exploiter leurs employés comme ils le souhaitent,...

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