L'heure au Japon

Parution dans le n°15 (novembre 2011)

Pour sauver des centaines de milliers de clichés récupérés au lendemain du tsunami, Fujifilm et des volontaires se sont mobilisés. Dans la galerie d'art Chiyoda 3331 à Tôkyô, une soixantaine de volontaires s’activent autour de bacs remplis de photos. Ce sont des clichés lessivés par le tsunami du 11 mars et récupérés dans les décombres par les forces d'autodéfense japonaises et les habitants lors des fouilles entreprises dans les jours qui ont suivi le séisme. “Depuis la catastrophe, notre société a reçu des milliers d’appels de personnes sinistrées. Comment récupérer les photos recouvertes de boue ?  Comment enlever l’eau de mer ? Il y avait tellement de demandes que nous avons décidé de mettre en place une opération pour sauver les photos du tsunami”, explique Inahata Takao, responsable des relations publiques au sein de la société Fujifilm. Lancée à la mi-avril, cette initiative a d’abord commencé par une page sur Internet pour expliquer au public les techniques pour récupérer des photos abimées par l’eau. “Nous nous sommes appuyés sur des techniques élaborées lors des inondations qui ont frappées la région de Nagoya en 2000. Cependant, cette fois-ci, les dommages causés par le tsunami étaient beaucoup plus importants et nous avons ouvert un atelier spécial dans notre usine de Kanagawa”, poursuit M. Inahata. Les tests de simulation sur des photos immergées dans l’eau de mer et recouvertes de boue ont porté sur une soixantaine de cas pour récupérer non seulement des tirages argentiques, mais aussi des photos numériques ou des impressions à sublimation thermique. “Lors d’un reportage télévisé, Fujifilm a fait la démonstration en direct de son savoir-faire sur des photos récupérées après le tsunami. Le résultat a été concluant. Cela nous a donné envie de poursuivre et de lancer un projet de restauration dans l’ensemble des zones sinistrées. Mais pour cela, il fallait d’abord aller sur place pour rencontrer les volontaires et voir de nos yeux ce que nous pouvions faire”, ajoute-t-il. Alignées sous le grand gymnase de la galerie Chiyoda, des milliers de photos rougies et délavées attendent d’être nettoyées. “Ces photos ont été récupérées dans la ville de Nadori, dans la préfecture de Miyagi, et envoyées à Tokyo”, explique Itabashi Yuichi qui supervise les opérations de restauration. Il s’est rendu à Kesennuma, près de Nadori, au début du mois d’avril. “C’était la première fois que j’allais dans la région depuis le tsunami. Dans un centre de réfugiés, j’ai rencontré un responsable d'un projet local pour laver les photos. Sa maison avait été emportée. Il m’a dit : “J’ai tout perdu dans le tsunami, mais pas mes souvenirs. Si on a des photos, les souvenirs restent aussi”. Cela m’a beaucoup touché”, rappelle M. Itabashi. Il avait accompli ce voyage pour s’assurer de l’importance de lancer une opération de cette nature alors que des milliers de personnes attendaient d’être relogées. “Ce qui m’a frappé dans les centres de réfugiés, c’est la quantité de photos récupérées. Pour ...

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