L'heure au Japon

Parution dans le n°80 (mai 2018)

jeunes cineastes japonais

Ce constat vaut sans doute aussi pour le cinéma japonais. Malgré cela, ou bien peut-être à cause de cela, j’ai accepté d’enseigner dans un cadre universitaire. Je me sentais investi d’une mission qui devait permettre de libérer le cinéma de cet état de stagnation. Par chance, certains de mes étudiants partageaient la même aversion à l’encontre de ce sentiment de déjà vu. Malheureusement pour des raisons de santé, j’ai dû abandonner ce travail au bout de 5 ans. Dès lors, mon seul plaisir sera de pouvoir visionner les réalisations de ces étudiants à l’avenir. Il va sans dire que leur chemin sera semé d’embûches. Il existe en effet de nombreux obstacles à franchir et des conditions à remplir pour réaliser un film dans le milieu cinématographique actuel. En voici quelques-unes : 1. Disposer d’un best-seller comme base de scénario. 2. Recourir à des expressions faciles à comprendre par les spectateurs. 3. Ne pas chercher à faire preuve d’originalité. 4. Recourir à des acteurs déjà reconnus. Sans ces critères, il est quasi impossible d’imaginer pouvoir réaliser un projet. Et dans le cas d’un film indépendant, il faut ajouter la nécessité de  : 5. Aborder des sujets de société (en particulier des crimes). Dans ces conditions, on peut se demander si un jeune réalisateur sera en mesure de mener librement un projet. Je ne le crois pas du tout. Quand j’en ai le loisir, il m’arrive de regarder à la télévision des productions récentes. Je m’efforce de les regarder jusqu’au bout, mais cela relève d’un supplice infernal. On n’y trouve aucune nouveauté ni aucune liberté. On n’y rencontre juste une jeunesse ou une cruauté déguisée. Un Kurosawa Kiyoshi ou un Kitano Takeshi, pour leur part, sont en mesure de s’affranchir...

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