L'heure au Japon

Parution dans le n°66 (décembre 2016)

La production d’anime est loin d’être une sinécure. En témoignent les vicissitudes du projet Genocidal Organ. Dur dur de travailler dans le secteur de l’animation. Alors qu’elle enregistre actuellement beaucoup de succès à la fois au Japon et à l’étranger, de nombreux studios d’anime ne semblent pas beaucoup profiter de la situation. Il n’est pas facile d’enchaîner les succès en ayant de petits budgets, et dans un contexte où la plupart des studios ont du mal à s’aligner sur les conditions commerciales dures et faire face à une concurrence féroce. Quelques-uns finissent par disparaître pour de bon. C’est ce qui est arrivé à Manglobe qui, en septembre dernier, a fait faillite avec des pertes d’environ 550 millions de yens. À l'époque, le studio de Tôkyô travaillait sur Genocidal Organ, adaptation du célèbre roman de science-fiction de Project Itoh [en France, on peut lire son roman Harmonie paru en 2013 chez Panini Books]. Genocidal Organ faisait partie de la trilogie Project Itoh. Tandis que les deux premiers films ont été sortis à temps (par d’autres studios), ce dernier a été repoussé sine die. En fin de compte, il a été sauvé par le nouveau studio Geno Studio de Yamamoto Kôji. Celui-ci a été, pendant de nombreuses années, le producteur du célèbre programme noitaminA sur Fuji TV avant de se mettre à son compte et de lancer Twin Engine en 2014. Zoom Japon l’a rencontré en marge du Festival international du film de Tôkyô où Genocidal Organ a été projeté en avant-première. Comment êtes-vous devenu producteur de Genocidal Organ ? Yamamoto Kôji : Tout a commencé, il y a plusieurs années, alors que je travaillais toujours à Fuji TV. Lors d'une réunion, nous avons décidé d’acheter les droits du livre de Projet Itoh. Cependant, une autre société détenait les droits, et nous devions attendre jusqu’à leur expiration. Puis l’année dernière, j’ai entendu parler des problèmes de Manglobe et quand ils ont fait faillite, j’ai décidé d’intervenir. J’ai entendu dire que Geno Studio a été créé dans le but spécifique de réaliser ce projet. Y. K. : C’est exact. Au début, j’ai essayé d’intéresser d’autres studios à ce film, mais personne ne voulait y toucher. Je pensais que recommencer à zéro aurait pris trop de temps, mais il est également vrai que reprendre un projet à mi-parcours de la production est très difficile parce que vous devez faire le tri dans le matériel préexistant. Donc personne n’était intéressé à poursuivre le travail de Manglobe. Finalement, j'ai créé Geno Studio. Au début, nous avons envisagé de nous limiter à ce projet ponctuel, mais finalement nous avons décidé que nous voulions aller au-delà de Genocidal Organ, ce film devenant la première étape d’une plus grande aventure. Nous sommes déjà à l’œuvre sur deux nouvelles séries d’anime. Genocidal Organ est la dernière partie d’une trilogie consacrée aux romans de Projet Itoh - les deux premiers étant Harmony (disponible en DVD et Blu-Ray chez @Anime) et The Empire of Corpses (disponible en DVD et Blu-Ray chez @Anime). Projet Itoh (de son vrai nom Itô Satoshi) était très célèbre au Japon comme auteur de science-fiction. Pourquoi pensez-vous que ses livres sont si intéressants ? Y. K. : L’œuvre de Projet Itoh est toujours pleine de surprises. Ses histoires et la façon dont il les raconte sont tout à fait uniques et jamais prévisibles. Il aime séduire et tromper ses lecteurs. Nous ne nous sentons jamais à l'aise et nous nous demandons toujours ce qui nous attend. Je pense que c'est sa force. Par rapport à d'autres anime de science-fiction, qu’est-ce qui rend Genocidal Organ si particulier ? Y. K. : Le cadre dans lequel se déroulent de nombreux films de science-fiction est souvent incroyable. Il nous projette très loin dans le futur et pour les apprécier, nous devons faire preuve d'imagination. Genocidal Organ se déroule dans un proche avenir. En outre, c’est une histoire crédible racontée de manière très réaliste. Cela permet au spectateur d’établir une connexion plus forte avec l’histoire et de se concentrer sur les personnages. Le film a été réalisé par Murase Shukô, connu pour être l’animateur ou le réalisateur de plusieurs séries de Gundam. Il a aussi contribué à New Mobile Report Gundam Wing. Comment a-t-il travaillé sur ce film ? Y. K. : Je crois sincèrement que Murase Shukô est l'un des trois meilleurs réalisateurs d’anime du Japon. La plupart des gens excellent dans un seul emploi, qu’il s'agisse de dessins, du travail de la caméra, etc....

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