L'heure au Japon

Parution dans le n°124 (octobre 2022)

Traductrice émérite, Corinne Atlan publie un remarquable ouvrage sur son métier qui ne manque pas d'interpeller. Pour traduire il faut se laisser traverser. C'est-à-dire, dans un premier temps, ne pas chercher à traduire. Simplement s'ouvrir à un processus de pensée, un imaginaire, un style, tout ce qui fait la singularité d'une œuvre et d'un auteur, et qui passe par cette langue-là”. Voilà ce que Corinne Atlan, traductrice émérite de japonais, note dans le formidable ouvrage qu'elle publie aux éditions de La Contre Allée. Il y a près de 20 ans déjà, en 2005, elle avait commis un petit opus intitulé Entre deux mondes – Traduire la littérature japonaise en français (Inventaire/Invention) dans lequel elle avait notamment insisté sur “cette absence de frontière entre rêve et réalité, cette interaction entre intérieur et extérieur, reposant sur l’idée bouddhique que le monde est un reflet qui renvoie chacun à sa réalité intérieure.”Les amoureux de littérature apprécient de lire des ouvrages où les auteurs se racontent afin de pouvoir mieux accéder à la compréhension de leur travail ou mieux appréhender les ressorts de leur œuvre. Ils les apprécient d'autant mieux si les auteurs en question s'expriment dans le même idiome qu'eux ou s'ils maîtrisent eux-mêmes la langue des écrivains. Sans cela, ils doivent s'en remettre au talent des traducteurs qui, grâce à leurs connaissances linguistiques et leur bagage culturel, sont capables de restituer ce que les auteurs ont couché sur le papier. Voilà pourquoi l'ouvrage de Corinne Atlan est si important. Il contribue à découvrir en partie la personnalité de cette grande traductrice et de comprendre ainsi comment elle aborde les œuvres qu'elle a entrepris de rendre en français. “Il faut aimer un texte littéraire, y reconnaître ...

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