
Pourquoi avez-vous choisi Hokkaidô comme cadre ? M. Y. : Ayant subi le harcèlement sexuel quand j’étais enfant et plus tard le séisme de Kôbe, je voulais créer en l’espace d’un film de deux heures, une sorte d’endroit parfait, un environnement idéal où les gens pourraient rêver et oublier leurs problèmes. Nous vivons en général isolés dans notre petit monde, et nous ne voyons pas que nous sommes en réalité connectés les uns aux autres. Pendant que j’étais à Kôbe après le tremblement de terre, j’ai lu quelque chose sur ces petites boulangeries de Hokkaidô dont la réputation est excellente. J’ai réalisé à quel point il est important de bien vivre, de bien manger et de partager la paix et la tranquillité avec les autres. Cela m’a donné l'idée du premier film. Puis, pendant le tournage de Shiawase no Pan, j’ai découvert plusieurs vignobles et décidé de faire de la vinification le sujet du second film. En même temps, je voulais montrer que Hokkaidô peut être un environnement naturel très dur. C’est l’approche que j’ai choisie pour la troisième partie de la trilogie, laquelle évoque l’histoire d’une femme de tête qui se bat pour y survivre. On mange et on boit beaucoup dans le cinéma japonais. M. Y. : On peut dire la même chose du cinéma chinois ou européen. Mais il est vrai que dans le cinéma japonais, la nourriture est souvent utilisée pour souligner un moment particulier de l’année. Il est également vrai que ce que les gens mangent peut en dire long sur ce qu’ils sont. La nourriture et les habitudes alimentaires sont clairement liées à la philosophie de vie des gens. C’est pourquoi quand je travaille sur un nouveau film, je passe des jours à discuter avec des spécialistes du type de nourriture que les personnages cuisinent...
