L'heure au Japon

Parution dans le n°59 (avril 2016)

Installé sur l’île de Shikoku, Tominaga Keiji fabrique des cloisons de papier selon des techniques traditionnelles. Chaque shôji raconte une histoire.” Ceux de Tominaga Keiji reprennent régulièrement des motifs de vagues, de montagnes ou de scènes du quotidien comme celle de la confection du riz. D'un pas pressé, l'homme se dirige vers un temple situé non loin de son atelier, implanté dans la ville même de Tokushima. En entrant dans le bâtiment, on aperçoit rapidement un shôji somptueux qui fait office de fenêtre dans la pièce principale. Long de plusieurs mètres, d'une simplicité désarmante, les éléments de décoration de bois, si finement exécutés, ne peuvent que susciter l'admiration. “Ce panneau retrace le parcours d'une jeune fille qui a beaucoup souffert, commence à expliquer le maître artisan. Son mari est mort lors d'une bataille qui a eu lieu ici à Shikoku. Malgré son chagrin, elle reste fidèle et continue de protéger la préfecture de Tokushima”, poursuit-il alors. “Elle est originaire de Chiba, c'est pourquoi on voit un prunier ici, symbole de sa région natale. Elle est seule. Mais ne perd pas courage : elle finit par se transformer en oiseau.” Et s'envole par dessus la vague. Maître-artisan, Tominaga Keiji est avant tout un véritable artiste. Il représente la quatrième génération de l'atelier K`Z Craft. Là, on fabrique des shôji selon une technique unique et un savoir-faire précieux transmis de père en fils depuis 1875. En matière d'architecture, les shôji questionnent, de manière unique, les notions de volumes et d’intérieur de la maison : en effet, les cloisons de papier, modulables à volonté, redéfinissent les espaces en fonction des besoins et des saisons. La chaleur du bois est propice à un foyer chaleureux qui appelle à à la détente et à la sérénité. Très utilisé autrefois dans les maisons traditionnelles japonaises, c'est un savoir-faire qui tend malheureusement à se perdre dans l'archipel nippon aujourd'hui. Comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père avant lui, Tominaga Keiji perpétue un savoir-faire traditionnel, “entièrement à la main. Nous n'utilisons aucune machine : je joue avec les matériaux afin de pouvoir les plier avec la chaleur de l'eau chaude.” Tout simplement. Dans le showroom de son petit atelier, les couleurs du bois réchauffent. On se sent à la maison dans cette ambiance feutrée et...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

Exit mobile version