L'heure au Japon

Parution dans le n°91 (juin 2019)

Katsushika était célèbre pour ses nombreux fabricants de jouets. Y. Y. : Exact. C’est ici qu’on a créé une version japonaise de Barbie baptisée Licca-chan (voir Zoom Japon n°66, décembre 2016). Je me souviens qu’ils avaient même mis en place une ligne de téléphone Licca-chan pour la promouvoir. Si vous appeliez le numéro, vous tombiez sur une actrice qui prétendait être Licca-chan. Elle disait : “Merci d’avoir appelé, j’ai été tellement occupée par mes devoirs…” Ce numéro de téléphone était similaire au nôtre et nous avons reçu beaucoup d’appels la concernant. Un jour, ma grand-mère a prétendu être Licca-chan, juste pour le plaisir, mais ce n’était pas une si bonne idée car, après cela, nous avons reçu des appels encore plus étranges. Qu’est-ce qui vous a amené à vivre en dehors du Japon ? Y. Y. : J’ai toujours voulu voyager à l’étranger. A 19 ans, j’ai quitté l’université et suis allé au Royaume-Uni pour étudier l’anglais, ce qui n’a pas beaucoup plu à mes parents. J’ai réussi à passer l’examen d’entrée à l’université et j’ai passé 11 ans à étudier et à travailler en Angleterre en tant qu’avocat. Après un retour de trois ans au Japon, j'ai accepté un emploi dans un cabinet d’avocats à Hong Kong, où j’ai vécu pendant neuf ans. Après une année supplémentaire à New York, je suis rentré au Japon, il y a sept ans. Cela a-t-il été difficile de se réadapter à la vie au Japon après un si long séjour à l’étranger ? Y. Y. : En fait, à mon retour, je me suis rendu compte qu’il était facile de draguer au Japon (rires). A l’âge de 20 ans, je vivais dans un univers international où être japonais n’était pas vraiment sexy, alors je devais redoubler d’efforts (rires). En revenant dans l’Archipel, j'étais célibataire avec un bon travail et tout d’un coup, on m’a considéré comme un bon parti. Blagues à part, cela n’a pas été très facile. Ayant quitté le Japon à 19 ans, j’ai manqué un certain nombre de rites de passage importants qui façonnent la vie des gens ici. Les liens que vous nouez au cours de vos quatre années d’études universitaires et de votre premier emploi - qui pour beaucoup de personnes finissent par être leur travail à vie - sont extrêmement importants au Japon. Ils vous donnent un sentiment d’appartenance et définissent à de nombreux égards qui vous êtes. En déménageant à l’étranger, je me suis coupé de ces liens et, au retour, j’ai réalisé que je n’avais pas de racines. Je n’étais vraiment membre d’aucun groupe. J’avais perdu le contact avec mes anciens camarades de classe et je n’avais aucun point de référence, tant du point de vue social que du point de vue économique. J’avais constamment le sentiment que je devais appartenir à quelque chose, mais j’étais plutôt dans les limbes d’un point de vue...

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