
Cette année, les cerisiers en fleurs n’auront pas donné lieu à des festivités. / Gianni Simone pour Zoom Japon L’endroit où je vis pourrait être décrit comme une ville endormie, et même en temps normal, il n’y a pas tant de monde que ça. Mais l’atmosphère générale est assez surréaliste. Les seules exceptions notables sont les magasins, où les gens se rassemblent et se mêlent comme d’habitude, comme si ces lieux existaient dans un univers parallèle. Par exemple, il y a une boulangerie près de chez moi, et le week-end, elle est tellement bondée qu’on peut à peine bouger. Dans les rares cas où je sors de la maison et que je passe devant, je peux voir une vingtaine de personnes ou plus se bousculer pour trouver de l’espace et manœuvrer les unes autour des autres comme des chevaliers modernes qui, au lieu d’une épée et d’un bouclier, tiennent un plateau dans une main et une pince dans l’autre, luttant pour leur pain quotidien.La dernière fois que je me suis aventuré loin de ma ville, c’était au début du mois d’avril. J’ai pris un train pour le centre de Tôkyô afin d’interviewer une personne pour Zoom Japon. J’ai alors trouvé ma gare complètement déserte. Je me souviens avoir pensé : “On dirait la scène d’un film post-apocalyptique, quelque chose comme Je suis une légende (I Am Legend, 2007), le film de Francis Lawrence avec Will Smith”. Puis j’ai compris que cette pandémie était réelle, et non de la science-fiction.J’ai été surpris par le peu de personnes qui se trouvaient dans le train. Pour une fois, trouver une place, même dans le centre de la capitale, ne nécessitait pas de compétences sportives particulières ni de tactiques de guérilla. Il nous a fallu un virus dangereux pour convaincre les Japonais que le télétravail était en fait une bonne alternative. La personne que j’ai interviewée fait partie de celles qui n’ont pas d’autres choix que de se rendre au bureau tous les jours parce qu’il travaille au service des relations publiques. Quant à moi, je travaille beaucoup à la maison, et ma femme est habituée à ma présence autour de la maison. Nous veillons à respecter l’espace de l’autre, et après plus de 20 ans de mariage, nous avons développé une...
