
Uncertain Journey, 2021. Installation au Taipei Fine Arts Museum. / Guan-Ming Lin / © Adagp, Paris, 2024 Le Grand Palais accueille, jusqu’au 19 mars, une rétrospective dédiée à l’artiste japonaise au fil des âmes. Depuis décembre dernier, les réseaux sociaux regorgent de photos et vidéos immortalisant un univers spectaculaire de milliers de fils rouges enchevêtrés. Résolument “instagrammable”, cette installation se trouve au Grand Palais, au cœur de la rétrospective consacrée à Shiota Chiharu, The Soul Trembles (Les frémissements de l’âme).Conçue en 2019 pour le Mori Art Museum de Tokyo, cette exposition avait attiré plus de 660 000 visiteurs en seulement quatre mois, surpassant les records d’affluence des expositions de Kusama Yayoi ou Murakami Takashi. Et ce, malgré une notoriété moindre de l’artiste par rapport à ces figures monumentales de l’art contemporain. Une enquête menée par le musée révélait que plus de 54 % des visiteurs avaient été incités à découvrir le monde de Shiota grâce à la forte visibilité de ses œuvres sur les réseaux sociaux. Est-ce un succès pour un artiste ? Que devons-nous attendre d’une œuvre d’art contemporain ? Une réflexion ? Une émotion ? Ou simplement une attraction visuelle ? Après avoir traversé six pays d’Asie, cette rétrospective s’installe à Paris, occupant 1 200 m² du monument historique. Et le phénomène se répète : les plateformes de partage assurent une communication efficace, et les visiteurs réservent leurs billets des semaines à l’avance. Hautement photogénique, l’exposition ne déçoit pas et provoque régulièrement des exclamations admiratives.Dès l’entrée, Where Are You Going ?, une installation de fils blancs suspendus dans une cage d’escalier, évoque des bateaux flottants dialoguant magnifiquement avec l’architecture datant de 1900. Réalisée initialement en 2017 Au Bon Marché, cette œuvre introduit l’emblématique Uncertain Journey (Voyage incertain), une installation immersive composée de 280 km de fils rouges tissés. L’intensité visuelle saisit immédiatement : “Waouh !” Le visiteur s’arrête pour capturer cet instant, souvent dans l’idée de le partager en ligne. Mais en s’attardant, une autre dimension se révèle. Ces fils, qui s’entrelacent et parfois se rompent, semblent incarner une entité vivante, en quête d’existence, sans destination finale claire. Immersive et troublante, l’œuvre fait émerger les émotions...