
La sécurité étant au cœur des préoccupations des promoteurs du Chûô Shinkansen, ces derniers ont multiplié les sorties de secours sur son parcours. La photo illustre aussi la profondeur à laquelle le train circulera dans bien des endroits comme ici à Kasugai ; dans la préfecture d’Aichi. / Asahi Shimbun Prouesse technologique, la nouvelle ligne à très grande vitesse suscite de nombreuses critiques et réserves. Près de 60 ans après avoir émerveillé le monde avec le Shinkansen, alors futuriste, le Japon a entrepris la construction d’un nouveau train encore plus rapide. Le Maglev (abréviation de “magnetic levitation”) se déplace grâce à un double jeu d’aimants : le premier pousse le train hors de la voie, évitant ainsi les frottements, tandis que le second fait avancer le train surélevé. Connu au Japon sous le nom de “voiture à moteur linéaire”, le L0, dernière version du SCMaglev (train à sustentation magnétique) est le train le plus rapide du monde, ayant atteint la vitesse record de 603 km/h lors des essais. Il sera utilisé sur la ligne Chûô Shinkansen en cours de construction entre Tôkyô et Nagoya, où il est prévu qu’il roule à une vitesse maximale de 505 km/h.Aussi incroyable que cela puisse paraître, les ingénieurs japonais ont commencé à discuter de l’application de la supraconductivité sans frottement avec les rails dès 1962, deux ans avant les débuts du premier Shinkansen. Les chemins de fer nationaux japonais ont commencé à développer le Maglev en 1972, mais le projet a été ralenti par la crise pétrolière de 1973 et la récession. Cependant, le volume de transport sur la ligne à grande vitesse entre Tôkyô et Ôsaka a augmenté pendant les années de bulle, ce qui a nécessité une ligne alternative plus rapide pour relier la capitale et l’ouest du Japon.Le Maglev fonctionne selon le principe de la supraconductivité magnétique, ce qui signifie qu’il ne circule pas sur les voies ferrées traditionnelles. Les roues ne sont utilisées qu’au départ et à l’arrivée d’une gare, après quoi il passe en mode de fonctionnement à très grande vitesse et les roues sont soulevées et rentrées comme un avion.Sans entrer dans les détails techniques, le Maglev est équipé d’aimants supraconducteurs fixés de part et d’autre de la caisse du train. Lorsque le train roule à grande vitesse sur son rail, l’électricité circule dans les bobines fixées aux parois des deux côtés de la voie ferrée. La force de chaque aimant s’attire et se repousse mutuellement, ce qui permet au train de flotter et de se déplacer. Bien que le Maglev se déplace à très grande vitesse, il ne génère pratiquement aucune secousse ni aucun bruit, comme un avion. Beaucoup le considèrent comme un super-express de rêve pour la prochaine génération. En fait, des chemins de fer sans lévitation qui utilisent le principe du moteur linéaire ont déjà été mis en service dans d’autres pays.Alors que de nombreux fans de trains sont impatients de monter dans le Maglev, le projet s’est avéré très controversé, car plusieurs experts et groupes de citoyens situés le long de la ligne ferroviaire ont remis en question la nécessité de ce nouveau tronçon et ont cherché à bloquer sa construction. En 2014, le Parti communiste japonais a formé une équipe parlementaire, et la même année, le Conseil scientifique du Japon (JSC) a publié une déclaration appelant à l’annulation de cette ligne.Parmi les partisans du Maglev figurent le gouvernement japonais et JR Central, la société chargée de construire et de gérer la ligne. Ils soulignent qu’une ligne alternative reliant Tôkyô à la région du Kansai est attendue depuis longtemps, car le vieux Shinkansen montre des signes de vieillissement et est vulnérable aux nombreuses catastrophes naturelles qui frappent le pays.Deuxièmement, le Chûô Shinkansen réduira encore la durée des voyages : il ne faudra plus que 40 minutes pour atteindre Nagoya sans arrêt et 67 minutes pour Ôsaka (actuellement, le Shinkansen le plus rapide, le Nozomi, met deux heures et demie). L’introduction du Maglev aidera également l’économie japonaise. Tout d’abord, elle entraînera une revitalisation économique en favorisant le développement des neuf préfectures situées le long de la ligne Chûô Shinkansen (Tôkyô, Kanagawa, Yamanashi, Nagano, Gifu, Aichi, Mie, Nara et Ôsaka). En outre, une fois cette technologie bien établie, il sera possible de l’exporter à l’étranger et d’apporter d’énormes bénéfices au Japon.Il va sans dire que le Maglev aura un impact positif sur le tourisme, car de nombreux voyageurs voudront découvrir cette dernière prouesse technologique. Enfin, et ce n’est pas le moins important, ses partisans considèrent qu’il est écologique. En effet, le Maglev est alimenté par l’électricité et des aimants. Par exemple, la quantité de dioxyde de carbone émise entre Tôkyô et Ôsaka est un tiers de celle du Shinkansen.D’un autre côté, les détracteurs du Maglev estiment que les prétendus avantages de la nouvelle technologie ont été...
