
Dans ce magnifique recueil publié par Le Lézard noir, on retrouve tout le talent de ce fin observateur de la société japonaise. On sait finalement peu de choses de Katsumata Susumu en France. Cet auteur de manga traduit une première fois chez Cornélius [Neige rouge, 2008] est pourtant un des auteurs les plus intéressants de sa génération. Aussi peut-on se féliciter de l’édition du recueil Poissons en eaux troubles chez Le Lézard noir. Grâce à la pugnacité de son directeur Stéphane Duval et à la qualité de la traduction de Miyako Slocombe, le lecteur francophone peut découvrir tout le talent de ce mangaka qui est décédé en 2007 après avoir consacré une grande partie de son existence à observer ses contemporains et à en rapporter le quotidien. Il appartient à la génération des auteurs Garo du nom de ce mensuel apparu en 1964 qui a joué un rôle considérable dans l’histoire du manga. Dans le recueil édité par Le Lézard noir, on trouve d’ailleurs plusieurs récits publiés initialement dans le magazine où Katsumata a fait ses débuts en 1966. Natif du nord-est de l’archipel, il a vécu une partie de son enfance dans la campagne, dans cette partie du pays que l’on considère comme la moins développée. Dans un texte paru en 1991, il expliquait combien il avait été heureux de découvrir dans les colonnes de Garo la saga de Shirato Sanpei, Kamui-den, dans laquelle le jeune héros Shôsuke réussissait à s’imposer alors qu’il était lui-même originaire de cette région. C’est ce qui a amené le jeune Katsumata à soumettre ses travaux au mensuel. Sélectionné, le patron de Garo, Nagai Katsuichi lui demande de dessiner des mangas en quatre cases (yonkoma manga) qui décrivent de façon humoristique l'actualité du moment au niveau politique ou culturel. Fin observateur de ses...
