L'heure au Japon

Parution dans le n°137 (février 2024)

L'un des panneaux du musée qui rappelle le rôle central de la ville dans la vie culturelle. / Odaira Namihei pour Zoom Japon Fondé avec le soutien de Matsumoto Leiji, le Kitakyushu Manga Museum défend une approche régionale. Bien que Tôkyô et Ôsaka soient généralement considérées comme les principaux centres d’activité du manga, Kitakyûshû se présente elle-même comme la “ville du manga”. Située dans la préfecture de Fukuoka, à Kyûshû (la troisième plus grande île du Japon), la ville est non seulement le lieu de naissance de nombreux artistes de manga célèbres tels que Matsumoto Leiji, Watase Seizô, Hatanaka Jun et Hôjô Tsukasa, mais plus d’une centaine d’artistes y seraient également liés. Pour célébrer son héritage manga, la ville a ouvert, en août 2012, le Kitakyushu Manga Museum (KKMM).“L’objectif principal du musée est de préserver le matériel et de présenter le travail des artistes liés à Kitakyûshû”, assure Omote Tomoyuki, conservateur du KKMM. “Depuis le début des années 2000, la ville et les entreprises locales organisaient des événements liés aux mangas. Les artistes eux-mêmes étaient très désireux de coopérer. Nous avons donc pensé qu’au lieu d’organiser quelques événements ponctuels, il serait préférable de disposer d’une installation permanente pour collecter et préserver ces œuvres. Nous avons consulté Matsumoto Leiji, l’artiste le plus représentatif de la ville, et il nous a aidés à construire le musée”.Il explique que l’histoire et la situation géographique de Kitakyûshû ont contribué à faire de la ville un centre d’activité manga. “Kitakyûshû est né en 1963 de la fusion de plusieurs villes telles que Kokura, Moji et Yahata. Même avant la guerre, il y avait un port de commerce international florissant à Moji, et Yahata abritait la première usine sidérurgique du Japon, aujourd’hui connue sous le nom de Nippon Steel Corporation. De nombreux ouvriers ont dessiné des bandes dessinées et des illustrations pour les bulletins d’information de leur entreprise et les documents des syndicats. Par ailleurs, une base militaire a été installée à Kokura avant la guerre et, après 1945, les forces américaines y ont été stationnées. Cette concentration d’installations portuaires, de districts industriels et d’une base militaire a attiré de nombreuses personnes dans cette région, car elle offrait de nombreuses possibilités d’emploi. En effet, certains artistes de manga liés à Kitakyûshû sont nés dans la ville, mais beaucoup d’autres ont déménagé avec leur famille lorsqu’ils étaient enfants ou sont venus étudier à l’université”.Selon Omote Tomoyuki, la présence de nombreuses entreprises de presse a été le dernier facteur décisif dans le développement d’une scène manga locale. “Tous les grands journaux japonais ont trois branches principales. L’une se trouve à Tôkyô, l’autre à Ôsaka, et leur siège pour l’ouest du Japon est situé dans la ville de Kitakyûshû. Ces journaux ont engagé de nombreux dessinateurs de manga locaux pour dessiner des bandes dessinées”, note-t-il.Situé au 6e étage d’Aru Aru City, une sorte de centre commercial consacré aux mangas, aux animes, aux jeux et aux jouets à 5 minutes de la sortie Nord de la gare de Kokura, le KKMM...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

Exit mobile version