L'heure au Japon

Parution dans le n°22 (juillet 2012)

Pour aider les riziculteurs qui ont tout perdu après le passage du tsunami, un projet original de culture du coton a vu le jour. Après une forte augmentation en 2010, les cours du coton ont enregistré une chute tout au long de l’année 2011, suscitant chez certains producteurs dans le monde, notamment en Afrique, une vive inquiétude. Cela est synonyme pour certains d’entre eux de la faillite ou du moins de grosses difficultés financières à venir. A Sendai, dans la partie de la ville qui a été la plus touchée par le tsunami du 11 mars 2011, on ne s’intéresse guère à l’évolution des prix du coton, mais on montre beaucoup d’intérêt pour cette matière première qui pourrait, à certains égards, sauver l’activité de nombreux agriculteurs locaux. Riziculteurs pour la majorité d’entre eux, la déferlante meurtrière du printemps 2011 a été fatale pour leurs rizières. A Wakabayashi, vaste plaine faisant face à la mer, les quartiers résidentiels ont été emportés et les nombreux champs ont été inondés par l’eau de mer qui s’est enfoncée dans les terres sur plusieurs kilomètres. Le sable, le sel et les tonnes de déchets chariés par la mer au moment du tsunami ont eu raison des rizières. Pour les experts consultés, la production de riz dans cette région est compromise pour plusieurs années. Après avoir nettoyé la zone, en retirant d’abord les plus gros gravats puis les plus petits, les agriculteurs ont commencé à l’automne dernier un gigantesque chantier visant dans un premier temps à retirer plusieurs centimètres de terre et de sable afin de permettre au sel de ressortir. Pour accélerer le processus, certains ont fait appel à des techniques coûteuses visant à injecter de la vapeur dans la terre afin de faire remonter le sel à la surface. C’est en effet le sel qui semble être le principal souci des riziculteurs qui savent qu’il leur faudra attendre 3 à 5 ans avant de pouvoir reprendre une activité normale et compter sur une production de riz digne de ce nom. C’est évidemment un drame pour eux. Non seulement ils ne peuvent plus exercer normalement leur profession, mais ils perdent une source de revenus non négligeable. Les autorités ont mis en place des systèmes d’indemnisation, mais cela n’est pas entièrement satisfaisant aux yeux de personnes qui ont passé toute une vie à cultiver une terre aujourd’hui incultivable. C’est un terme que Era Keisuke ne veut pas entendre. Certes, il a conscience que la culture du riz est actuellement impossible, mais pour cet optimiste de nature, il ne faut pas baisser les bras et il faut chercher à offrir une alternative aux agriculteurs de la région. Cette dernière s’appelle le coton. Il a donc lancé l’opération Tôhoku Cotton Project. “A l’origine du projet, on trouve plusieurs entreprises au premier rang desquelles Tabio, entreprise spécialisée dans les chaussettes et les collants et la compagnie de chemin de fer JR. Nous avions déjà réfléchi ensemble et travaillé sur un autre projet à Kojima dans la région d’Okayama. Cette ville est très réputée pour sa production de jeans. On avait déjà tenté de cultiver du riz, mais la trop grande quantité de sel présente dans la terre avait conduit à un échec. C’est la raison pour laquelle, le coton y a été privilégié avec succès....

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