
Les produits japonais sont réputés pour leur qualité et leur beauté. Nous en avons cherché les fondements. L’exposition autour du zakka (le terme fait référence à tout objet qui permet d'améliorer le quotidien) qui se déroule en ce moment à Tôkyô regroupe une multitude d'objets en acier, en plastique, et en papier de toute nature et de toute forme. Cependant on n'y trouve pas la collection composée d'objets en aluminium et rassemblée par le designer Onishi Seiji. Elle semble être mieux connue à l'étranger qu'au Japon puisqu'elle a déjà été présentée trois fois en Europe. Elle est d'ailleurs actuellement exposée à la Maison de l'architecture Poitou-Charentes à Poitiers. Né en 1944, Onishi Seiji a grandi à une époque où les objets en aluminium étaient monnaie courante. Il a donc amassé au fil des ans des centaines de jouets, d'objets du quotidien comme des bouilloires et des ustensiles de cuisine produits pour la plupart pendant la première moitié du siècle dernier. Il les a ensuite dépouillés de leurs décorations pour qu'ils retrouvent leur état initial. Dans le plus simple appareil que leur confèrent l'anonymat et la nudité matérielle, ils expriment une certaine poésie propre aux objets du quotidien. Zoom Japon a rencontré Onishi Seiji dans le quartier branché de Daikanyama à Tôkyô pour discuter de la dimension intemporelle de ces humbles produits. Quelle est la taille de votre collection ? Onishi Seiji : Je pense qu'elle doit comporter environ 500 pièces. Mais je ne connais pas le chiffre exact, car je n'ai jamais eu le temps d'en faire le tour. Aussi chaque fois qu'on me demande de participer à une exposition avec des objets particuliers, cela devient un cauchemar pour moi. (rires) Vous devez aussi savoir que je collectionne bien d'autres choses en dehors de ces objets en aluminium comme des ustensiles en métal émaillé. Quand avez-vous commencé à collectionner ces produits ? O. S. : Je pense que la première fois que j'ai eu conscience de ces objets, je devais avoir une dizaine d'années… Je sais que j'ai toujours un côté excentrique. (rires) J'étais alors à l'école primaire. Un jour, un de mes camarades a ramené une boîte à bentô ronde en métal. Je n'avais jamais encore ce genre de produit puisque la plupart du temps les boîtes à bentô étaient de forme rectangulaire. J'ai décidé que j'en voulais aussi une comme ça. A cette époque, l'aluminium commençait à être supplanté par le plastique. De nos jours, plus personne ne veut utiliser des boîtes à repas comme celle-ci car elles sont froides au toucher et peu hygiéniques. Pourtant les objets en aluminium reviennent à la mode, mais ils sont désormais fabriqués à l'étranger, en Inde ou au Vietnam, car les usines ont disparu du paysage japonais. Les objets de votre collection sont-ils tous made in Japan ? O. S. : Oui. Je me suis toujours limité aux objets japonais. On trouve des objets en aluminium partout dans le monde, de l'Europe à l'Amérique en passant par l'Asie. Mais les objets japonais ont une odeur particulière. C'est un peu comme l'eau ou la terre. Un agriculteur est par exemple capable de vous dire d'où vient une terre en fonction de son odeur. Moi, c'est pareil, mais avec de l'aluminium. Je vous avais dit que j'étais bizarre. (rires) Il est intéressant de voir combien il est facile de remarquer les différences entre les produits fabriqués avant et après la guerre. Les plus anciens, ceux des années 1920 et 1930 se distinguent par leur qualité plus fine. Cela s'explique par le fait qu'avant le conflit mondial, le Japon disposait de davantage de ressources. Ce n'est qu'à la fin de la guerre que sont apparus des objets plus grossiers. Défait, le Japon a dû se séparer de tous ses armements comme ses avions de chasse. Mais au lieu de les ...
