
Pour la première fois en France, l’œuvre de ce génie du manga est intégralement traduite chez Cornélius. Les meilleures œuvres d’art sont celles qui vous accompagnent durablement. A cet égard, l'œuvre de Tsuge Yoshiharu interpelle constamment le lecteur. Ses histoires originales, parfois impénétrables, nous mettent constamment au défi de trouver de nouvelles significations cachées. Le travail de l’artiste a d’ailleurs favorisé le développement des études sur la bande dessinée au Japon. Mangashugi [manga-isme], sans doute le premier magazine au monde consacré à la critique du manga, a été co-fondé par le rédacteur en chef de Garo (voir Zoom Japon n°43, septembre 2014) Takano Shinzô (sous le pseudonyme de Gondô Susumu) en 1967, deux ans seulement après les débuts de Tsuge dans le mensuel devenu mythique. Kawamoto Saburô est l’un des meilleurs connaisseurs de son œuvre. Selon lui, l’un des aspects les moins évoqués est sa “japonité”. “Alors que dans les années 1960 et 1970, la société japonaise était occupée à importer toutes sortes d’habitudes occidentales, il a choisi de s’intéresser aux coutumes autochtones rapidement oubliées, donnant un nouvel éclairage sur la culture traditionnelle tout en évitant la nostalgie”, estime-t-il. On en trouve un exemple typique dans Les Fleurs rouges (Akai hana) qui donne son titre au premier volume de son anthologie publiée en France par Cornélius. Dans cette histoire parue en octobre 1967, l’héroïne vêtue d’un kimono d’été a un comportement épargné par la vie...
