L'heure au Japon

Parution dans le n°47 (février 2015)

corée du Nord

Les rapports entre le Japon et la Corée du Nord sont bien compliqués. Ils pèsent de plus en plus sur la société japonaise. Le 13 janvier, les journaux télévisés ont consacré une partie de leur temps d’antenne aux époux Yokota (voir pp. 8-9). Depuis 37 ans, Shigeru et Sakie se battent pour que leur fille Megumi enlevée par des agents nord-coréens leur soit rendue. Après plusieurs mois de parenthèses liés à la reprise des négociations entre Tôkyô et Pyongyang, les deux combattants dont le courage ne peut susciter que l’admiration ont décidé de reprendre leurs conférences pour sensibiliser les Japonais à la question des ressortissants nippons kidnappés par la Corée du Nord. Au cours des quinze dernières années, ils ont animé plus de 1 400 réunions. Malgré leur âge, ils conservent la même volonté et le même désir de pouvoir un jour revoir leur fille qui a eu 50 ans l’année dernière. Ils avaient adopté une attitude plus réservée depuis plusieurs mois après la reprise des discussions entre les gouvernements japonais et nord-coréen. D’abord secrètes et informelles, les négociations ont pris un tour nouveau lorsque Pyongyang s’est engagé à rouvrir le dossier des personnes enlevées qui était resté au point mort depuis une dizaine d’années. Après l’avancée considérable de 2002 qui avait notamment permis le retour de certaines d’entre elles, la Corée du Nord avait décidé d’adopter une position plus intransigeante à l’égard du Japon et de poursuivre son programme nucléaire synonyme pour les Japonais et leurs alliés d’un durcissement de leur attitude vis-à-vis du régime nord-coréen. En plus de sanctions établies par les Nations Unies, le Japon en a ajouté de nouvelles, contribuant à bloquer tout dialogue bilatéral pendant plusieurs dizaines de mois. La victoire du Parti libéral-démocrate d’Abe Shinzô aux élections de décembre 2012 a fait évoluer la situation. Le nouveau Premier ministre très impliqué dans les négociations de 2002 considère le dossier comme important, déclarant même, en septembre 2013, que “la mission du gouvernement ne sera pas terminée” tant que toute la lumière, y compris sur le cas compliqué de Yokota Megumi, ne serait pas faite. Il a mis en œuvre une vaste campagne de sensibilisation dans tout l’archipel qui s’est traduite par un affichage massif dans tous les lieux publics avec pour slogan Rachi kanarazu torimodusu ! (Les kidnappés, bien sûr qu’on les ramènera !). Tandis que les autorités japonaises faisaient monter la pression, le régime nord-coréen a entrepris un revirement de sa politique à l’égard du Japon. Un changement opportuniste lié à des exigences internes et externes. Confronté à de grosses difficultés économiques, Pyongyang cherche à obtenir une levée des sanctions au moins partielle, car ses relations avec la Chine, son principal soutien, ne sont plus aussi bonnes qu’auparavant....

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