L'heure au Japon

Parution dans le n°86 (décembre 2018)

Retournez-vous parfois en Corée ? Y. : Une fois par an, nous allons sur la tombe de la famille. Turtle Island ne s’est jamais produit en Corée, mais j’y fais parfois quelques représentations acoustiques. C’est drôle parce que les gens parlent toujours de discrimination au Japon, mais les Zainichi le sont aussi en Corée. Revenons à Turtle Island, plus qu’un groupe rock classique, il ressemble à un orchestre punk. Vous êtes plutôt nombreux. Y. : En effet. Quand nous avons commencé, nous comptions 13-15 membres. À un moment donné, nous sommes montés jusqu'à 18. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que neuf. Au début, nous étions tous des amis d’enfance qui avaient grandi dans le même quartier, fréquenté les mêmes écoles et joué ensemble tous les jours. Turtle Island a toujours été formé par un groupe d’amis très proches. Vous en êtes néanmoins le leader. Y. : Je n’aime pas trop cette expression. J’écris toutes les paroles, mais nous contribuons tous à la musique. Chacun de nous a un parcours différent, des goûts musicaux différents, et tout le monde est invité à proposer une idée de mélodie ou de chanson que nous développons ensuite collectivement. Donc, plus que son leader, vous pourriez dire que j’en suis le représentant et le porte-parole. Ce n’est sans doute pas évident d’entretenir un tel groupe, notamment sur le plan financier. Y. : En fait, à l'heure actuelle, sur les neuf membres actuels, seuls trois vivent de leur art – musique et autres activités créatives. Trois autres sont des musiciens à temps partiel et occupent divers emplois complémentaires. Les trois autres travaillent chez Toyota ou occupent un emploi de bureau. De façon étonnante, votre festival de musique est gratuit. Comment faites-vous pour le préserver année après année? Y. : Hashi no Shita est né en 2011 après la triple catastrophe liée au séisme du 11 mars. Comme beaucoup d’autres personnes, nous sommes allés dans le Tôhoku pour aider et nous avons participé à de nombreuses manifestations anti-nucléaires. Mais nous sommes arrivés à un point où nous avons pensé qu’au lieu de seulement nous plaindre du gouvernement, il valait mieux faire quelque chose de plus constructif. Nous avons donc créé ce festival de musique dans l’espace situé sous le pont où nous nous sommes réunis depuis le début pour jouer. Dès le début, nous ne voulions pas demander beaucoup de subventions. Mais bien sûr, organiser un tel événement exige beaucoup de moyens. Donc, pour être précis, le festival n’est pas totalement gratuit, mais “nagesen”, autrement dit chacun est libre de payer - de faire un don - selon son envie. Si vous n’avez pas d’argent, même 500 yens ...

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