L'heure au Japon

Parution dans le n°113 (septembre 2021)

La mer Intérieure abrite de nombreuses plages. / Gianni Simone pour Zoom Japon Plage : Les héritiers de la tribu du soleil Haut lieu de la construction navale, Innoshima a perdu de sa superbe, mais elle conserve tout son charme. Seules six personnes m’ont rejoint sur le petit bateau blanc qui allait me conduire d’Imabari, sur l’île de Shikoku, à Innoshima, l’une des quelque 3 000 îles disséminées dans la mer Intérieure. Il s’agissait manifestement de navetteurs locaux qui souhaitaient que leur trajet soit aussi rapide et sans incident que possible. J’ai été le seul à opter pour le pont supérieur afin de respirer l’air frais et salé. C’était une matinée magnifique - un ciel bleu parsemé de quelques nuages gris et blancs. Je pouvais voir deux des ponts du Shimanami Kaidô (voir Zoom Japon n°41, juin 2014) et, au loin, un petit port avec un groupe de grandes grues vert pâle travaillant sur deux énormes cargos. C’était Innoshima, l’une des plus grandes îles de la région, et le port de Habu, ma destination finale.Innoshima était autrefois le quartier général des pirates Suigun, actifs au Moyen Âge. Aujourd’hui, cependant, c’est un endroit beaucoup plus décontracté et accueillant. Habu, en particulier, est une ville qui bouge à son propre rythme, et parfois ne bouge pas du tout ; un endroit où les vieux hommes portant des casquettes de baseball décolorées par le soleil et des chapeaux à bords courts restent assis pendant des heures sur le front de mer à regarder le va-et-vient d’un flot sans fin de bateaux et de ferries.Au début du siècle dernier, Innoshima était un centre de construction navale en plein essor, et Habu servait de logement aux milliers d’ouvriers. Seuls quelques chantiers navals ont survécu et la ville elle-même ressemble davantage à un village de pêcheurs endormi, mais le port est loin d’être mort.Habu est la quintessence de la ville maritime. La zone située derrière les docks m’a rappelé les petits villages de pêcheurs près de ma ville natale ; des maisons en bois serrées les unes contre les autres où, pour une fois, se promener sans but et même se perdre est un vrai plaisir. On a l’impression qu’il y a des gens qui vivent derrière ces portes, même si on ne voit presque personne dans la rue à 9 heures du matin. La plupart des magasins étaient encore fermés, le seul ouvert était le marchand d’alcool. Pourtant, la rue commerçante - la charmante Ai Habu St - était beaucoup plus animée que la galerie fantôme d’Imabari. Il y avait même un magasin de lingerie !Après avoir exploré tous les coins et recoins, il était temps de remplir mon estomac. J’avais envie de goûter à la spécialité d’Innoshima, l’in’oko, une version locale du plat emblématique de Hiroshima - une crêpe okonomiyaki...

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