L'heure au Japon

Parution dans le n°148 (mars 2025)

Plus grande étendue d'eau douce du Japon, le lac Biwa occupe environ un sixième de la superficie de Shiga. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Le lac Biwa a toujours joué un rôle crucial dans la vie de la préfecture, comme le rappelle l'historien Kinda Akihiro. Selon la loi japonaise sur la protection des biens culturels, les paysages culturels sont formés par l’interaction de facteurs naturels et humains. Ils sont essentiels pour comprendre les moyens de subsistance et le travail du peuple japonais. Nous avons rencontré le professeur Kinda Akihiro, l’une des figures de proue des sciences humaines et de la géographie historique, pour discuter du rôle prépondérant joué par le lac Biwa dans l’histoire du Japon et de la préfecture de Shiga en particulier. Professeur émérite de l’université de Kyôto et directeur du musée Rekisaikan, il a mené de nombreuses recherches sur toute la région du lac Biwa et a récemment publié un livre sur le sujet : Biwako : Mizube no bunka-teki keikan [Le lac Biwa : paysages culturels au bord de l’eau]. On ne peut pas parler de la préfecture de Shiga sans évoquer le lac Biwa. Quel rôle a-t-il joué dans l’histoire de cette région et pourquoi est-il si important ?Kinda Akihiro : Tout d’abord, le lac Biwa est le plus grand lac du Japon. Il occupe environ un sixième de la superficie totale de la préfecture de Shiga. C’est aussi l’un des plus anciens lacs du monde, avec une histoire remontant à plus de quatre millions d’années. Ses environs sont riches en nature et en patrimoine historique. Le lac est essentiel à l’écosystème japonais et abrite de nombreuses espèces végétales et animales. Il est également extrêmement important pour la population humaine ; ses abondantes ressources en eau ont grandement bénéficié à l’agriculture et à la pêche.Un autre facteur important est que, compte tenu de sa superficie, il ressemble à la mer et que son environnement est très différent d’une rive à l’autre. Le littoral japonais a besoin d’une protection constante contre les tsunamis et les fortes vagues, c’est pourquoi de nombreuses routes et digues en béton ont été construites impliquant une disparition de certains aspects traditionnels de la vie. Cependant, bien que certaines parties du lac Biwa soient protégées des fortes vagues par des murs de pierre, il n’est pas nécessaire de mettre en place une prévention des catastrophes à grande échelle. La vie avec le lac, au sens traditionnel du terme, a donc pu être préservée.Une route a été construite autour dans le cadre du projet de développement global du lac Biwa, et sert également de digue. Cependant, elle n’est pas très haute, et au-delà de la route se trouvent une forêt de pins et une petite plage de sable qui rejoint l’eau. Contrairement aux zones habitées face à la mer, la région n’est pas séparée par d’immenses brise-lames ou des routes et a ainsi pu globalement conserver sa forme initiale.Enfin, le lac Biwa est un nœud de communication clé depuis l’Antiquité, facilitant le transport de marchandises et les échanges entre les peuples. Par exemple, une route importante reliait Shiotsu au nord et Ôtsu au sud, créant ainsi un lien entre la région de Hokuriku qui donne sur la mer du Japon et Kyôto. De plus, la rivière Seta, la seule rivière qui se jette dans le lac Biwa, est une voie importante reliant Ôsaka à Kyôto. Le lac Biwa vu du Saikyô-ji. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon La préfecture de Shiga compte sept paysages culturels importants. C’est le deuxième nombre le plus élevé parmi toutes les préfectures japonaises, après Kumamoto, qui en compte dix. De plus, six de ces sept paysages sont situés le long du lac Biwa. De quel type d’endroits s’agit-il ?K. A. : Comme je l’ai dit, sur les rives du lac Biwa, il y a peu de risques de vagues ou de tsunamis. De plus, il y a très peu de maisons, de sorte que le paysage traditionnel a été préservé. C’est l’une des raisons pour lesquelles tant d’entre eux ont été sélectionnés. Lorsque j’ai écrit mon livre, je me suis concentré sur les moyens de subsistance sur le front de mer et j’ai essayé d’en apprendre davantage sur ces établissements humains. Plusieurs cérémonies religieuses se répètent autour du lac Biwa, et elles peuvent clairement être attribuées à des cultures anciennes. Même aujourd’hui, grâce à leur survie, nous pouvons imaginer comment les gens ont vécu depuis les temps anciens. Peu de régions dans tout le pays restent aussi bien organisées.Pour vous donner quelques exemples, le village d’Ogi, situé sur les contreforts du mont Hiei, est connu pour ses rizières en terrasses pittoresques, ses fermes et ses murs de pierre. C’est un bel exemple de la façon dont les paysages agricoles traditionnels peuvent être préservés et entretenus, ce qui permet de mieux comprendre le patrimoine culturel et l’histoire de la région. Il y a également Ogoto Onsen, une ville thermale réputée située sur les rives du lac. Elle est une destination populaire pour ses eaux thérapeutiques depuis l’Antiquité, mais les sources chaudes ont été officiellement développées au début du XXe siècle.Chikubushima, une petite île située dans la partie nord du lac Biwa, est une attraction touristique populaire. Outre sa flore unique (comprenant des cèdres anciens et diverses fleurs saisonnières) et sa vue imprenable sur le lac, l’île...

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