
Vous êtes donc devenu talento comme on désigne les vedettes du showbusiness au Japon ? N. S. A. : Oui, je suis devenu à la fois manager et talento dans la plus grosse agence pour étrangers, la Inagawa Motoko office (IMO) pendant 13 ans. Je jouais dans des séries, des spots publicitaires, des films, je chantais aussi. A cette époque les étrangers, de surcroît noirs, étaient très rares au Japon et il y avait du travail. Comment étiez-vous perçu comme Africain ? N. S. A. : Bien, je ne garde pas de souvenirs traumatisants. Les Japonais sont de nature méfiante, c’est un pays insulaire et ils l’étaient à l’égard de tous les étrangers, pas spécifiquement les noirs. C'est ce que j’ai compris et donc je n’avais pas de complexe. Une seule fois, un homme m'a traité de “kuronbo” (sale noir) dans une rue de Shibuya, en plein centre de Tôkyô. J’avais 21 ans, mais je connaissais déjà l’argot japonais et j’avais le sang chaud ! On a commencé à s'empoigner. Heureusement que la police est intervenue sinon je ne sais pas ce que je lui aurais fait ! Que pensez-vous du Japon ? N. S. A. : J’adore ce pays. Cela fait 28 ans que je suis ici maintenant. J'ai une femme japonaise et trois enfants, des amis et un travail. Le Japon...
