
L’ère Heisei aura été finalement marquée par une prise de conscience de la pauvreté, pensez-vous que la prochaine incarnée par l’empereur Naruhito sera celle de la solidarité ? Y. M. : Je l’espère bien. Je vais tout faire dans ce sens. Je suis responsable d’une association en charge de cantines pour enfants (kodomo shokudô, voir Zoom Japon n°73, septembre 2017) dont la mission consiste à fournir des repas aux enfants défavorisés. Au cours des trois dernières années, quelque 3 000 lieues de ce type ont été créés dans tout le pays. Les personnes qui y travaillent ne sont pas des militants, mais plutôt de simples citoyens qui finalement se sont dit que la solidarité était la seule réponse possible à ce problème-là. Ce mouvement constitue un bon exemple de ce que pourrait être cette prochaine ère de solidarité. C’est en tout cas l’illustration d’une prise de conscience générale de ce phénomène de pauvreté après des années de dénégation… Peut-on y voir un retour des solidarités anciennes qui existaient au sein des villages ? Y. M. : Il y a des similitudes, mais j’y vois une différence notable. Les solidarités d’aujourd’hui sont plus inclusives que les communautés de village traditionnelles où les femmes et les enfants n’avaient guère leur place. Actuellement, la plupart des communautés créées le sont pour les femmes et les enfants. Cela dit, on voit aussi des associations de quartier, qui, elles, sont plus proches de ces fameuses communautés de village, proposer des cantines pour enfants et participer à leur développement. Je suis vraiment ravi de voir que l’ancien modèle évolue et s’adapte aux nouvelles formes de solidarité. Le film de Kore-Eda Hirokazu, Une Affaire de famille, Palme d’or à Cannes en 2018, a été l’occasion pour de nombreux Européens de découvrir le sujet de la pauvreté au Japon. Sorti la dernière année de l’ère Heisei, pensez-vous qu’il en soit l’une des œuvres les plus symboliques ? Y. M. :...
