L'heure au Japon

Parution dans le n°67 (février 2017)

Nakayama Yoshito prend le micro. Comme beaucoup de manifestants, il n'est pas originaire de l’île, mais il vient prêter main-forte à Takae, le village voisin qui compte à peine 150 âmes. “Les médias instrumentalisés par l'extrême droite font croire que nous sommes payés par les communistes pour être là, mais nous ne leur donnerons pas raison ! Pas de violences, nous sommes là pacifiquement pour retarder les travaux !” rappelle-t-il avant de distribuer bottes et parapluies. Les manifestants, parmi lesquels de nombreuses personnes âgées, restent assis en tenant leur panneau de revendication appelant à la paix et au départ “des troupes d’occupation”. Tout semble se dérouler à la japonaise, sans heurt. Puis tout à coup, c'est l’offensive. Une centaine de kidôtai débarquent des bus et procèdent méthodiquement à l'évacuation du blocus. “Kidôtai ! Vous n'avez pas le droit de nous expulser !” crient certains en se débattant, tandis que d'autres se laissent porter. La cohue ressemble à une mise en scène répétée des milliers de fois, et filmée de chaque côté par un policier et un manifestant qui pourront défendre leur droit en cas de litiges. Plusieurs manifestants ont déjà été arrêtés, dont le leader emblématique du Centre d'action pour la paix à Okinawa, Yamashiro Hiroji connu des services de police depuis 1993 pour avoir pénétré à plusieurs reprises dans les bases américaines. “Kidôtai, ne les touchez pas! Espèces de pervers, Arrêtez ce harcèlement sexuel !” hurle un de ses représentants au mégaphone. Le ton a radicalement changé depuis avril 2016 avec le viol et le meurtre d'une jeune...

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