L'heure au Japon

Parution dans le n°70 (mai 2017)

Votre premier roman a été publié, en 2003, sous forme de feuilleton dans un magazine littéraire. Comment votre écriture a-t-elle évolué au cours des années ? M. S. : Mes premiers romans portent sur des individus qui vivent dans des mondes clos. Les personnages principaux sont des personnes timides dont les vies ne sont pas faciles et qui n’ont pas d'amis. Ces histoires se déroulent souvent dans une sorte d’atmosphère claustrophobe. Aujourd’hui, je m’intéresse moins à ces personnages afin de pouvoir montrer davantage l’environnement dans lequel ils évoluent. Comme vous l’avez dit, beaucoup de vos livres développent des intrigues très originales... M. S. : Oui, vous avez raison (rires). Mes histoires plus anciennes ne sont pas si étranges cependant. Je suppose qu’avec le temps, j’ai acquis un goût pour des personnages et des histoires “différents”. Le fait est que je trouve amusant de chercher des histoires qui remettent en question le sens de nos valeurs. J’aime me surprendre et aller à la découverte de territoires inexplorés. Je me trouve souvent en train de me demander pourquoi mes personnages agissent d’une certaine façon ou prennent telle ou telle décision. En tant que lecteur, il me semble que des livres tel que Satsujin shussan [Meurtre et accouchement, inédit en français] abordent certains problèmes de société comme la dépopulation et d’autres questions sociales. Est-ce prémédité ? M. S. : Pas vraiment. Je dirais plutôt une sorte de prémonition. Cela dit, le choix de mes sujets peut être indirectement ou inconsciemment affecté par ce que j'ai lu dans les journaux. La société japonaise a beaucoup changé depuis que mon enfance. J’ai grandi pendant les années de la bulle économique. Beaucoup de filles portaient alors des bodycon, des vêtements très moulants, qui faisaient des ravages en discothèque. A cette époque, je m’inquiétais du moment où je devrais m’habiller aussi comme ça (rires). Heureusement pour moi, la bulle a éclaté et cette mode a disparu. Dans le même temps, cependant, les femmes sont devenues...

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