L'heure au Japon

Parution dans le n°101 (juin 2020)

Un nouveau mot-valise apparu au Japon avec le virus est korona rikon [divorce lié au corona]. Une raison typique pour vouloir mettre fin à un mariage est que le mari, tout en passant plus de temps que d’habitude à la maison, n’aide pas aux tâches ménagères ou à l’éducation des enfants. Selon une étude menée par le site Internet Lip Pop, 38 % des personnes interrogées pensent à divorcer ou, du moins, ont des doutes sur leur mariage. En particulier, 46 % des quadragénaires semblent être affectés négativement par la situation. Cependant, le professeur Yamada a tendance à minimiser l’effet de la pandémie sur les relations entre les sexes. “Au Japon, le mariage est très souvent une question d’argent et non d’amour”, raconte-t-il. “L’idée de l’amour romantique n’a pas vraiment sa place dans la culture japonaise ; elle a été importée d’Occident. Le mari et la femme n’ont peut-être pas une relation idyllique au sens occidental du terme, mais comme leur mariage est principalement basé sur des considérations économiques, il faut une crise majeure pour y mettre fin (voir Zoom Japon n°99, avril 2020). Il faut se rappeler qu’à la suite de la catastrophe du 11 mars 2011, beaucoup pensaient que le nombre de divorces allait augmenter. En fait, leur nombre est resté plus ou moins stable. Si une tragédie majeure comme celle-ci n’a pas affecté les couples, je ne pense pas que la Covid-19 changera fondamentalement les choses. Statistiquement, la première raison de divorcer pour les Japonais est l’argent ; la deuxième est l’adultère. Mais à cause de la pandémie, les gens ont moins de chances de tromper leur partenaire, donc dans un sens, le coronavirus pourrait avoir un effet positif sur ces relations. Ou peut-être pas : les hommes pourraient insister sur le fait qu’ils ne peuvent pas visiter leurs bars d’hôtesses préférés.” (rires)Au Japon, on dit que “le mari doit être en bonne santé et rester en dehors de la maison”, ce qui signifie qu’un mari en bonne santé travaille dur et constitue un bon atout économique, mais que sa présence à la maison n’est pas requise. En effet, s’il passe trop de temps dans le foyer, il devient une source de travail supplémentaire pour la femme puisqu’il ne participe pas aux tâches ménagères.“Il faut comprendre que traditionnellement,...

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