
Formé à la peinture japonaise traditionnelle comme à celle de l’école occidentale, Masaoka Kenzô fait ses débuts animés en autodidacte en 1930 avec L’Île aux singes, un manifeste moderniste en papiers découpés, dynamique et enlevé. Pionnier du parlant, il investit aussi la technique américaine du cellulo, que sa double culture picturale lui permet d’assimiler mieux que personne. Tout au long des années 1930, le degré de maîtrise technique de son équipe ne cesse de s’élever. Réalisé au plus fort de la guerre du Pacifique, hors du contrôle de l’armée (qui à l’époque finance et régente l’ensemble de la production de cinéma à des fins de propagande), L’Araignée et la tulipe (1943), marque un tournant formel : cette opérette animée au lyrisme pastoral ouvre pour le dessin animé japonais sur cellulo une voie neuve, émancipée du cartoon, celle d’une poésie visuelle toute en finesse et en sens du détail, dans la gestuelle des personnages comme la représentation des éléments naturels. Mais c’est dans l’immédiat après-guerre que Masaoka réalise son véritable chef-d’œuvre : composé de quelques scènes pastorales, sans récit ni paroles, Cerisiers...
