
Club d’hôtesses à Roppongi, à Tôkyô./ Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Fréquentant les bars à hôtesses depuis des années, la maquilleuse Masuda Izumi explique leur fonctionnement. Dans le monde exotique et infiniment fascinant du divertissement et de la vie nocturne au Japon, peu d’établissements sont aussi secrets et difficiles à saisir que les clubs d’hôtesses. Nous sommes déconcertés par leur spectacle d’opulence démesuré et quelque peu démodé ; leurs lustres, leurs canapés en velours et leurs paillettes. Surtout, nous ne comprenons pas pourquoi quelqu’un (un homme, en général) est prêt à dépenser beaucoup d’argent en alcool hors de prix juste pour discuter avec quelques filles. Afin de résoudre ce mystère, nous nous sommes entretenus avec la maquilleuse Masuda Izumi qui travaille dans un kyabakura (cabaret club), version junior, moins classe du club d’hôtesses.Elle est maquilleuse depuis 25 ans, mais sa connaissance des clubs d’hôtesses remonte à dix ans. “Au début, je travaillais pour une agence d'intérim qui m’envoyait dans différents endroits. Avec le temps, j’ai pu développer des relations personnelles avec certains de ces établissements, et j’ai commencé à travailler régulièrement dans trois clubs à Shinbashi et Ginza, dans le centre de Tôkyô. J’ai également travaillé dans des endroits plus petits dans les banlieues de la capitale et de Yokohama. La plupart des gens pensent que les clubs d’hôtesses et les kyabakura sont tous situés dans le centre ville, mais on en trouve quelques-uns dans des quartiers moins fréquentés et des zones résidentielles. En fait, ils font d’assez bonnes affaires car il y a moins de concurrence”, raconte-t-elle.Interrogée sur ce qui rend ces endroits si attrayants pour beaucoup d’hommes, elle répond que les hôtesses et les kyabajô (les filles qui travaillent à kyabakura) sont très douées pour créer un environnement confortable, propice au flirt et à l’égoïsme. “La plupart des hommes occidentaux n'ont probablement pas besoin de ce genre de choses. Je suppose que c’est un truc très japonais parce que beaucoup de gars ici ne savent pas comment s’y prendre avec les femmes. Une bonne hôtesse est aussi une sorte de psychologue qui écoute les problèmes des hommes et leur offre réconfort et conseils. Parfois, elles peuvent être considérées comme des épouses ou des petites amies de substitution. En fin de compte, les hôtesses vendent de la flatterie. Elles font en sorte que le client se sente bien, important et qu’il s’attende à ce qu’un jour elle couche avec lui”, poursuit-elle. Lorsque Aizawa Emiri (au centre), l’une des kyabajô les plus célèbres du quartier de Kabukichô, à Tôkyô, a pris sa retraite au printemps 2019, l’événement a généré plus de plus 250 millions de yens (2 millions d’euros) de recettes en deux jours et suscité l’attention des médias./ Abema TV En parlant de la différence entre les clubs d’hôtesses (surtout les établissements haut de gamme) et les kyabakura, Masuda Izumi explique que “pour faire simple, un kyabakura est un endroit où les filles sont courtisées par les clients. Dans un club, c’est l’hôtesse qui fait la cour. Ensuite, d’un point de vue professionnel, les kyabajô sont plus libres de décider du montant qu’elles souhaitent. En outre, elles n’ont généralement pas d’objectifs financiers à atteindre et ne reçoivent pas d’amende pour les retards ou les erreurs, tant que les clients sont heureux et dépensent de l’argent. Dans certains kyabakura, il est également possible de ne rien faire à ses cheveux. Un club est un environnement de travail beaucoup plus strict où les retards ou le fait de garder les cheveux raides ne sont absolument pas tolérés”, précise-t-elle.Les hommes et les femmes qui travaillent dans les clubs – en particulier ceux qui sont généralement présentés dans les magazines et les émissions de télévision – se distinguent par leur coiffure tape-à-l'œil, mais selon la maquilleuse, les choses, en réalité, sont un...
