
La réalité Ce dernier ensemble est également le plus intéressant, car il comprend des récits qui abordent les problèmes réels des personnes âgées et présentent un portrait détaillé de la société japonaise actuelle. L’un des titres les plus forts est BL Métamorphose (Metamorufôze no Engawa, éd. Ki-oon) de Tsurutani Kaori (voir pp. 10-12), histoire touchante d’une amitié entre une veuve septuagénaire et une adolescente geek. L’un des exemples les plus populaires de cette nouvelle vague manga mettant en scène des seniors est Sanju Mariko (inédit en français) d'Ozawa Yuki, qui s'est vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires depuis ses débuts en 2016. “Sanju” est la façon traditionnelle de dire “il y a 80 ans”, l'âge de Mariko. Veuve et écrivain, elle vit avec son fils, son épouse et sa famille élargie, y compris son arrière-petit-fils. Partager l’espace avec eux s'avère de plus en plus difficile alors qu’elle se sent de plus en plus seule. Elle finit par se demander si son fils et sa belle-fille espèrent sa mort prochaine. C’est un désaccord sur le projet de reconstruction de la maison qui l’oblige à quitter cet endroit où elle ne se sent plus la bienvenue. Depuis le début, la vie de Mariko est loin d’être facile. Bien qu’elle soit en bonne santé et économiquement indépendante, elle a du mal à trouver un appartement et devient brièvement “réfugiée dans un cybercafé”, rejoignant d’autres personnes sans domicile fixe. L’histoire de Mariko oscille constamment entre le bonheur et la tristesse. D’un côté, elle poursuit activement de nouveaux défis, ravie d’avoir retrouvé sa liberté et même de pouvoir redevenir amoureuse. Par contre, elle a peur de mourir seule, comme son amie, et doit faire face à tous les petits et grands problèmes de la vie quotidienne. Si l’histoire de Mariko a ses moments légers et son regard ensoleillé sur la vieillesse, Tasukeaitai : Rôgo hatan no oya, karoshi rain no ko [Besoin d’aide : Parents brisés après la retraite, enfants au bord de la mort par excès de travail, inédit en français] de Saiki Mako offre une vision beaucoup plus sombre de la vie après la retraite. Le couple de 70 ans environ au centre de cette histoire semble apprécier sa...
