
Avec Le Restaurant de l’amour retrouvé, Ogawa Ito nous offre une belle histoire où le partage et l’amour sont à la carte. En France, il existe un proverbe selon lequel “la table est l'entremetteuse de l'amitié”. Ogawa Ito le reprend à son compte et y ajoute la dimension de l’amour dans ce superbe roman qui se déguste comme un très bon plat. Pour créer une bonne histoire que le lecteur savourera, il est indispensable de disposer de bons ingrédients. L’auteur doit imaginer des personnages ayant une certaine épaisseur, les inscrire dans une intrigue solide pour qu’ils parviennent à exprimer toute leur profondeur et surtout trouver le liant sans lequel ces différents éléments donneront naissance à un récit insipide. Autant le dire tout de suite, la jeune romancière a concocté un savoureux roman qui mériterait sans doute deux ou trois étoiles dans le guide Michelin s’il s’agissait d’un bon plat. Le Restaurant de l’amour retrouvé (Shokudô katatsumuri) est une pépite, une œuvre originale qui permet au lecteur de toucher l’âme japonaise. Il s’en dégage une sensibilité incroyable que l’admirable traduction signée Myriam Dartois-Ako (récompensée en mars dernier par le Prix Zoom Japon 2013 pour sa traduction de Pickpocket) permet de saisir dans toute sa dimension. Certains pourront ne pas comprendre des attitudes, des réflexions, mais celles-ci sont justement l’expression d’une perception bien différente de la vie avec ses hauts et ses bas. Dans le roman d’Ogawa Ito, cela commence plutôt mal pour son héroïne Rinco. Rentrant chez elle après sa journée de travail, elle découvre l’appartement qu’elle partageait avec son petit ami indien totalement vide. Tout a disparu, notamment les économies amassées au fil des ans pour qu’ils puissent ouvrir leur propre restaurant. Le choc de cette situation inattendue provoque une aphasie chez la jeune femme. “J’avais perdu ma voix. Cela m’avait un peu surprise, mais pas attristée. (…) Je voulais prêter l’oreille...
