L'heure au Japon

Parution dans le n°41 (juin 2014)

Principal hub ferroviaire du pays, la gare de Tôkyô est également une ville dans la ville. Petite visite guidée. Le 20 décembre, la gare de Tôkyô fêtera ses 100 ans. C’est une longue histoire qui l’a faite passer du statut de simple gare avec quatre quais à celui de principal hub ferroviaire du pays puis à celui de “station city”, un lieu où l’on trouve un hôtel, un musée et assez de restaurants et de magasins pour combler le plus accro des gourmets ou de dépensiers pendant une année. En 2003, le bâtiment a été enregistré comme Bien culturel important du Japon avant que, cinq années plus tard, un service de presse soit créé pour promouvoir l’image de ce lieu et attirer les visiteurs même s’ils n’ont pas de train à prendre. En 1889, trente ans après avoir été conduite à mettre un terme à son isolement volontaire, la ville de Tôkyô a décidé de créer une ligne de chemin de fer entre les gares de Shinbashi et d’Ueno. Les projets de construire une gare sur cette nouvelle ligne date de 1896. Mais les deux guerres coûteuses contre la Chine et contre la Russie ont retardé le projet jusqu’en 1914. Dessiné par l’architecte Tatsuno Kingo,  le bâtiment de trois étages est inspiré, dit-on, de la gare centrale d’Amsterdam même si Tatsuno était davantage influencé par le style victorien après avoir passé quatre années à étudier l’architecture à Londres à la fin du XIXe siècle. A l’origine, cette copie supposée portait le nom de “gare centrale” avant d’être rebaptisée “Tôkyô” au moment de son inauguration. Aussi, lorsque vous êtes à Yokohama et que vous empruntez un train de la ligne Tôyoko, si vous demandez à un employé si le train va à Tôkyô, il vous répondra : “Non, il va à Shibuya”, ce qui pourra provoquer une certaine confusion. Shibuya est bien un quartier de la capitale, mais si vous évoquez le nom de Tôkyô dans l’enceinte d’une gare, immanquablement on suppose que vous parlez de la gare de Tôkyô. On dit souvent que la ville de Tôkyô incarne le mélange parfois schizophrénique de tradition et de modernité. Le bâtiment de la gare en est la plus parlante des illustrations. Le côté ouest de Marunouchi fait face au palais impérial et au quartier historique des affaires tandis que le côté est de Yaesu, ouvert en 1929, est plus influencé par le quartier commercial plus proche de Nihonbashi. Au fil du temps, la gare de Tôkyô a été témoin ou directement affectée par des événements parfois tragiques qui ont marqué l’histoire contemporaine du pays. En 1921, par exemple, le Premier ministre Hara Takashi y a été assassiné tandis qu’un autre chef du gouvernement Hamaguchi Osachi a survécu à une tentative de meurtre en 1930. Si le bâtiment renforcé d’acier a réussi à sortir indemne du terrible séisme du 1er septembre 1923 qui a détruit Tôkyô et sa région, il a été très endommagé par les bombardements américains du 25 mai 1945. En 1949, c’est la façade Yaesu qui a été en partie détruite par un incendie. En 2012, après cinq années de travaux de rénovation, le bâtiment de briques rouges du ...

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