L'heure au Japon

Parution dans le n°50 (mai 2015)

lire le JAPON 50 LIVRES

11. Quatre femmes travaillant de nuit dans une usine confectionnant des bentô se retrouvent entraînées dans une affaire de meurtre lorsque l’une d’entre elles tue son mari violent. Bien qu’elles aient des caractères différents, elles partagent la même frustration à l’égard de leur vie en raison des problèmes d’argent ou de l’éloignement familial. Kirino nous présente une image nettement moins attirante de ce Japon où les femmes de la classe moyenne luttent contre l’injustice sociale. Kirino Natsuo, Out, Trad. R. Nakamura & R. de Ceccatty, Points, 2007 12. Le plus surprenant dans cette collection de zuihistu (genre littéraire qui  permet à l'auteur d'exprimer, au gré de son humeur, sa subjectivité), c’est leur fraîcheur et leur modernité alors même que l’auteur relate un monde éloigné dans le temps et de son caractère. Même si Sei Shônagon a composé ce texte à l’ère Heian (795-1185) , ce qu’elle relate et surtout la manière dont elle le fait montre que la nature hu-maine n’a finalement pas tellement changé. Sei Shônagon, Notes de chevet, Trad. André Beaujard, Gallimard, 1985 13. Hanawa Kazuichi est sans doute l’un des meilleurs mangaka. Il est aussi célèbre pour être un passionné d’armes à feu, ce qui lui a valu d’être arrêté pour avoir transformé une pièce de collection en une véritable arme prête à l’emploi. Ce récit autobiographique relate les deux années passées en prison entre 1995 et 1997. Au-delà de son expérience personnelle, ce qui est fascinant dans ce manga, c’est la description minutieuse de la vie dans les prisons nippones. L’auteur s’attache à rapporter les plus petits détails, ce qui permet de comprendre à quel point il s’agit d’un univers totalement à part. Parallèlement à cela, on constate que la prison dans ce pays est aussi un miroir de la société japonaise et qu’elle n’a vraiment rien à voir avec le monde carcéral en Occident. Par ailleurs, l’intérêt de ce livre est de faire comprendre aux lecteurs – en particulier ceux qui n’ont rien de commun avec la culture locale – que la prison au Japon est un endroit qu’il faut absolument éviter. Hanawa Kazuichi rapporte cette expérience avec le talent qu’on lui connaît. Un ouvrage qui est bien plus qu’un simple divertissement. Hanawa Kazuichi, Dans la prison, Trad. Thibaud Desbief, Ego comme X, 2005 14. La discrimination se retrouve partout dans le monde et vise des personnes étrangères. Au Japon, elle est unique en ce sens que les victimes appartiennent à la même race que les auteurs. Les Burakumin sont une caste dont les ancêtres accomplissaient, selon le bouddhisme, des “métiers sales” (bouchers, tanneurs, fossoyeurs, etc.). Ces derniers n’avaient pas de voix littéraire jusqu’à ce que...

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