L'heure au Japon

Parution dans le n°131 (juin 2023)

A 100 ans d’écart, un même désir d’apporter une information diverse et juste sur le pays du Soleil-Levant. / Odaira Namihei pour Zoom Japon Il y a un siècle, naissait la revue Japon et Extrême-Orient. Nous voulions rendre hommage à son travail de pionnier. Avec ce nouveau numéro, Zoom Japon entre dans sa quatorzième année d’existence. Tout au long de ces années, nous avons essayé de vous apporter une information variée sur le Japon dans le but de favoriser la compréhension de ce pays pour lequel l’intérêt n’a cessé de croître en France, et plus généralement en Europe, sans pour autant tomber dans la nippophilie béate. Nous ne sommes plus les seuls sur le marché. Japon Infos ou encore Tempura répondent, à leur manière, à la même envie d’informer sur le pays du Soleil-Levant quand d’autres publications comme Animeland ou Atom explorent la culture populaire japonaise si présente dans notre quotidien. Chacun a donc trouvé son public et celui-ci a désormais accès à de multiples sources d’information surtout si l’on ajoute les blogs et les webzines qui offrent des contenus plus ou moins ciblés et spécialisés.Désormais, les Français curieux du Japon et de sa culture ont l’embarras du choix, ce qui tranche avec ce qui se passait il y a tout juste 100 ans quand est paru le premier numéro de Japon et Extrême-Orient, une revue mensuelle d’informations politiques, économiques, artistiques et littéraires. Il s’agit en quelque sorte de l’ancêtre de Zoom Japon, mais aussi de la première véritable tentative ambitieuse de créer un support destiné à promouvoir “à un rapprochement franco-japonais” comme l’indiquait son équipe éditoriale dans un texte introductif intitulé “Notre programme” qui traduisait toute l’ambition de cette entreprise. Les auteurs estimaient que “les circonstances sont donc favorables à un rapprochement des deux pays, fondé sur un effort sincère pour mieux se connaître et mieux se comprendre. C’est à quoi cette revue voudrait contribuer pour sa part, en apportant au public français, non pas des impressions ou des dissertations, mais des textes, des documents et des faits, en un mot des éléments d’information et d’appréciation aussi nombreux et aussi précis que possible sur un pays vers lequel il porte une sympathie spontanée, mais insuffisamment avertie”.L’universitaire Christophe Marquet, qui a notamment été commissaire de l’exposition Hiroshige et l’éventail, voyage dans le Japon du XIXe siècle qui s’est déroulée jusqu’à la fin mai au musée Guimet et auteur d’un article très documenté sur Japon et Extrême-Orient paru, en 2014, dans Ebisu, confirme que “la publication d’une telle revue, à un rythme mensuel, était un pari très ambitieux, qui montre aussi que le Japon devint après la Première Guerre mondiale l’objet d’une attention nouvelle en France”. Pourtant, l’idée de ce “premier périodique en langue française exclusivement consacré au Japon à être édité sur le territoire métropolitain” ne revient pas à un Français, mais à Serge Elisséev, jeune et brillant japonologue qui s’était installé en France en février 1921 avec sa famille, fuyant la Russie bolchevique. Christophe Marquet rappelle qu’au cours de trois séjours au Japon entre 1908 et 1917, “il avait étudié la littérature, la linguistique et l’art japonais à l’université impériale de Tôkyô. Il avait aussi fréquenté dans les mêmes années le milieu des écrivains et du théâtre de la capitale japonaise, ce qui faisait de lui à cette époque à Paris l’un des meilleurs connaisseurs du Japon et de sa culture.”En compagnie notamment de Claude Maitre, ancien directeur de l’Ecole française d’Extrême-Orient, qui fut l’un des pères de la japonologie française au début du XXe siècle, Serge Elisséev répondit à une idée de l’ambassade du Japon, où il travaillait comme interprète, de créer une revue culturelle sur le Japon. Néanmoins, il...

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