
Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n’étions pas très grandes.” C’est par ces mots que débute le nouveau roman de Julie Otsuka. La romancière américaine d’origine japonaise livre un second roman qui ressemble à une sorte de compte rendu portant sur la vie de Japonaises qui, au début du siècle dernier, avaient quitté l’archipel pour fuir la pauvreté et se marier avec des compatriotes partis quelques années plus tôt pour faire fortune aux Etats-Unis. C’est en 1890 que l’immigration nippone vers l’Amérique débute. Ils sont 148 candidats cette année-là. Vingt ans plus tard, ils seront plus de 150 000. Mais leur présence suscite de nombreux problèmes. Voilà pourquoi, l’immigration japonaise vers les Etats-Unis sera officiellement suspendue en 1924. Après son premier roman, Quand l’empereur était un dieu, publié chez le même éditeur en 2004 qui abordait la façon dont les ressortissants d’origine japonaise avaient été maltraités et enfermés dans des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale, l’écrivain poursuit sa quête sur ses racines. “Je me suis aussi fondée sur ce que je savais de l’histoire de ma propre famille. Mon grand-père, soupçonné d’être un espion à la solde du Japon, a été arrêté par le FBI le jour de l’attaque contre Pearl Harbour [7 décembre 1941] et envoyé dans des camps dans le Montana, au Texas et au Nouveau Mexique. Ma mère, mon oncle ainsi que ma grand-mère ont été internés durant trois années à Topaz, dans l’Utah. Ma famille a toujours été très discrète sur ce qui s’est passé pendant la guerre et d’une certaine façon, l’écriture de ce roman m’a permis d’aller au-delà de ce silence”, nous avait-elle déclaré, en 2004, au moment de la sortie de sa première fiction “sérieuse” comme elle l’avait souligné. A l’instar de cette dernière, Certaines n’avaient jamais...
