L'heure au Japon

Parution dans le n°111 (juin 2021)

Le relais de la flamme olympique s’est fait sous forte escorte policière au milieu d’une poignée de spectateurs. / Alissa Descotes-Toyosaki pour Zoom Japon L’événement a été l’occasion pour plusieurs familles de revenir dans leur ville natale encore inhabitée. Face à la gare flambant neuve de Futaba, des drapeaux “L’espoir éclaire notre route” flottent sous le soleil du printemps. Sur le parvis, Nemoto Kazuki ne cache pas son émotion. “Cela fait dix ans que je n’ai pas vu autant de monde à Futaba”, dit-il en regardant une petite centaine de personnes venues encourager le passage du relais olympique. Originaire de la ville, ce quinquagénaire est arrivé de Yokohama avec sa famille pour faire partie des huit coureurs supporters de Futaba. “J’attends ce moment depuis deux ans ! Même si je n’habite plus ici, c’est ma manière d’encourager ma ville natale”, assure-t-il.La désignation de Tôkyô comme hôte des Jeux olympiques a changé l’avenir de Futaba. Après que l’ancien Premier ministre Abe Shinzô a proclamé, en 2013, que la situation à Fukushima était “parfaitement sous contrôle”, les “Jeux de la Reconstruction et de Résilience” sont devenus un enjeu majeur pour montrer au monde que la catastrophe nucléaire de niveau 7 appartenait au passé. Choisi pour ouvrir le relais olympique, le périmètre évacué des 30 km autour de la centrale de Fukushima Daiichi a bénéficié de sommes massives pour faire peau neuve. Les travaux gigantesques de décontamination des sols ont abouti à la réouverture de plusieurs villages. Dernier sur la liste, Futaba a rouvert son centre-ville le 4 mars 2020, soit deux semaines avant le passage du relais olympique, finalement reporté au dernier moment en raison de la crise sanitaire. Il est finalement parti, le 25 mars 2021, du stade de J-village entièrement refait à neuf après avoir été la base de milliers de travailleurs nucléaires. Toutefois, malgré l’enthousiasme de certains habitants, l’événement a pris des allures de farce alors que les organisateurs devaient gérer la pandémie et des zones radioactives.Sur une tribune faisant dos à une maison fracassée par le séisme, Izawa Shirô, le maire de Futaba, fait un dernier discours sur la reconstruction. Une poignée de journalistes tournent autour de la rotonde envahie de cars de police. Tout rassemblement est...

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