L'heure au Japon

Parution dans le n°79 (avril 2018)

Les clins d'œil au 7e art japonais ne manquent pas. Si Kurosawa Akira est le premier nom qui vient à l'esprit puisque l'un des principaux personnages du film, le maire Kobayashi, est le portrait craché de Mifune Toshirô, l'acteur fétiche de Kurosawa, dans Entre le ciel et l’enfer (Tengoku to Jigoku, 1963) et que l'univers de la décharge omniprésent dans L’Ile aux chiens rappelle à certains égards le décor de Dodes'ka-den (Dodesukaden, 1970). Mais il y a aussi des références à Ozu Yasujirô comme aux films de monstres dont Honda Ishirô fut l'un des grands maîtres. Tout cela a permis de créer le cadre parfait pour dérouler son histoire de chiens déportés sur une île jusque-là réservée aux déchets après l'apparition d'une épidémie de grippe canine. Mais l'entêtement d'un jeune garçon, Atari, qui se rend, malgré les interdictions, sur cette île à la recherche de son chien Spots, va jouer un rôle déterminant dans la découverte en réalité d'une vaste conspiration visant à imposer une certaine forme de dictature à Megasaki. Lorsque Wes Anderson dit qu'il s'agit de son film le plus ambitieux, on ne peut que se ranger derrière son avis, car L’Ile aux chiens est une belle illustration de son audace cinématographique dans la mesure où il ne se contente pas de raconter une histoire étonnante. Il a aussi donné naissance à un univers cohérent dans lequel évoluent des personnages en parfaite harmonie avec le propos du film. Car derrière le divertissement et certains aspects comiques, le film aborde des sujets plus sérieux liés à l'évolution de nos sociétés modernes. Certes, ils ne sont pas spécifiques au...

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