
Moins fidèle au roman d’Endô Shusaku que Martin Scorsese, Le Silence, version 1971, est une belle réflexion sur le Japon. Shinoda Masahiro a joué un rôle clé dans le cinéma japonais par sa participation active à la Nouvelle Vague nippone et sa volonté d’offrir un regard critique sur la société de son pays. En collaborant avec des figures importantes de l’avant-garde comme Terayama Shûji, futur cinéaste de la contre-culture, ou encore le compositeur Takemitsu Tôru qui signera plusieurs musiques pour lui, il a toujours voulu manifester son indépendance au risque parfois d’être mal compris notamment par ses employeurs. En témoigne la réception plutôt fraîche de Fleur pâle (Kawaita hana, 1964) par la Shôchiku qui n’apprécie pas sa façon d’aborder le film de yakuza. Lorsqu’il se lance dans le jidaigeki, c’est-à-dire dans le film de samouraï, le cinéaste entend marquer le genre de son empreinte et s’éloigner des règles qui l’entouraient jusque-là. Il sort des standards simplistes pour donner aux spectateurs des histoires hautes en couleurs et des personnages plus complexes tout en continuant à explorer ce qu’est le Japon contemporain et comment les Japonais s’y inscrivent. Double suicide à Amijima (Shinjû ten no Amijima, 1969) en est la meilleure illustration. Le film est d’ailleurs financé par l’Art Theatre Guild (ATG), ce qui lui permet une plus grande liberté. Un an plus tard, il se met à collaborer avec un autre grand ...
