L'heure au Japon

Parution dans le n°08 (mars 2011)

Originaire de Pittsburgh, le jeune Africain-Américain a su conquérir le public avec ses chansons à faire pleurer dans les chaumières. Ils étaient des millions en ce 31 décembre 2008 devant leur téléviseur. Comme chaque année à pareille époque, ils étaient scotchés devant le petit écran à regarder sur la NHK le grand rendez-vous annuel de la chanson au cours duquel les artistes les plus populaires regroupés dans deux équipes - les rouges et les blancs - interprètent un titre. Ce soir-là, Jerome Charles White Junior alias Jero y participait pour la première fois. Même s’il n’était pas inconnu du grand public, il a définitivement conquis le cœur des Japonais, en interprétant avec beaucoup d’émotion Umiyuki, sa chanson sortie quelques mois plus tôt, qu’il a dédiée à sa grand-mère japonaise. Les larmes de ce jeune chanteur noir américain ont ému les spectateurs présents dans la salle, mais aussi tous ceux qui le regardaient assis devant leur téléviseur. Fils d’un Africain Américain et d’une Africaine Américaine dont la mère était Japonaise, Jero n’a en apparence rien d’un Japonais. Sa couleur de peau ou encore ses tenues dignes d’un rappeur venu de Pittsburgh, sa ville natale aux Etats-Unis, pouvaient éventuellement laisser penser qu’il pourrait être tenté de faire carrière au Japon comme chanteur de rap ou animateur d’émissions de télé comme il en existe déjà quelques-uns. Personne, avant de l’entendre interpréter Umiyuki, n’aurait imaginé que Jero puisse être chanteur de enka. Pour ceux qui ne le sauraient pas, le enka est un genre musical on ne peut plus japonais dont  la plupart des interprètes ont un âge avancé et portent un kimono ou un costume. Il s’agit de complaintes ayant pour thème l’amour qui finit mal et la nostalgie de ses racines que l’on chante souvent d’une voix grave avec des trémolos pour ajouter un peu plus d’émotion. “J’ai commencé à écouter du enka très jeune. Ma grand-mère ne vivait pas très loin de chez nous. Quand je me rendais chez elle, j’en écoutais beaucoup. A l’âge de 5 ans, j’ai chanté pour la première fois devant ma grand-mère une chanson de enka que j’avais apprise tout seul. Ça l’avait beaucoup touchée et je crois que c’est à ce moment-là que ...

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