L'heure au Japon

Parution dans le n°80 (mai 2018)

Comment décririez-vous votre ville natale ? M. Y. : Hiroshima est une ville agréable, facile à vivre. Tout autour, il y a beaucoup de nature, mais lorsque vous avez le genre d’ambition professionnelle comme la mienne, elle ne peut tout simplement pas être comparée à Tôkyô. Dans un sens, c’est le genre d’endroit que vous commencez à apprécier après avoir déménagé ailleurs en l’observant de loin. Ce n’est qu’après votre départ que vous réalisez à quel point c’est une ville super. Comment avez-vous réussi à quitter Hiroshima ? M. Y. : Quand j’ai fini l’université, j’ai cherché un emploi, mais les grands studios de cinéma, comme la Shôchiku ou la Tôhô, ne cherchaient pas de réalisateurs ou d’assistants. J’ai visité de nombreuses entreprises à Tôkyô, mais personne ne m’expliquait comment devenir réalisateur. Personne n’avait la réponse. Il n’y avait pas de chemin tout tracé pour cette profession. Je me suis également rendu compte, en parlant à plusieurs personnes, que très peu de réalisateurs étaient en mesure de vivre en ne faisant que des films. Puis j’ai remarqué que certains réalisateurs, comme Nakajima Tetsuya, étaient issus de l’univers de la publicité télévisée. J’ai donc choisi cette voie et j’ai trouvé mon premier emploi à Fukuoka. Pourquoi avez-vous choisi de travailler à Fukuoka ? Après tout, c’est encore plus loin de Tôkyô que Hiroshima. M. Y. : Il est vrai qu’en termes de taille et de budget, les agences de Fukuoka ne peuvent rivaliser avec celles de Tôkyô ou d’autres grandes villes. Mais elles retournent ce handicap à leur avantage. Elles savent que la seule façon d’obtenir les contrats est de trouver de meilleures idées. Il y a beaucoup d’expérimentations là-bas. Vous êtes encouragés à essayer de nouvelles choses et à proposer des idées originales. Même à cette époque, les meilleurs créateurs de Tôkyô cherchaient des idées à Fukuoka. Ma stratégie consistait à me faire remarquer et finalement à passer dans la division supérieure à Tôkyô. C’est ce qui est arrivé ? M. Y. : Oui. Maintenant je peux dire que je suis devenu ce que je suis grâce à ce travail à Fukuoka. Mais plus d’une fois, j’ai eu envie d’arrêter. C’était un environnement incroyablement dur. Bien sûr, quand j’ai été embauché, j’ai tout fait, sauf de travailler sur un plateau. On me faisait laver la vaisselle ou travailler comme gardien. Je devais attendre jusqu’à minuit et travailler ensuite quelques heures sur mes idées. Finalement, pour mes 27 ans, je me suis donné trois ans...

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