L'heure au Japon

Parution dans le n°87 (février 2019)

Les apparitions publiques d’Akihito et de son épouse sont comparées à juste titre à celle du Pape tant elles drainent de la dévotion. Et rappellent que le statut divin de la lignée impériale a perduré pendant près de 2 000 ans avant de prendre fin brutalement en 1945. “Quand l’empereur Hirohito a dit à la radio que ‘le Japon devait supporter l'insupportable’, tout le pays était à genoux en train de pleurer”, se rappelle Toyosaki Reiko, alors âgée de 7 ans. “Ce n’était pas tant à cause de la défaite que d’entendre pour la première fois la voix de l’empereur.” Sur le pont de Nijûbashi, devant le palais, on aperçoit un petit cortège de drapeaux impérialistes brandis par des groupuscules d’extrême-droite. A ce même endroit, il y a 73 ans, des centaines de gens étaient venus se suicider au lendemain de la défaite. Très controversé pour son règne pendant les pires années impérialistes du Japon, l'empereur Shôwa, nom posthume de Hirohito, n’en est pas moins resté extrêmement populaire dans le Japon d’après-guerre. “Il a visité tout le pays malgré le manque d’infrastructures pour apporter son soutien au peuple affamé et traumatisé”, se souvient Toyosaki Reiko présente au palais en 1989 pour la mort de Hirohito et la fin de l’ère Shôwa marquée par les guerres mais aussi la reconstruction du Japon. Alors que le gouvernement d’Abe Shinzô se déclare en faveur d'une révision de l'article 9 de la Constitution pacifiste, qui renonce au droit de belligérance, Akihito a manifesté à plusieurs reprises ses “profonds remords pour la guerre”, n’hésitant pas à visiter avec son épouse tous les champs de bataille, des Philippines à Saipan en passant par Okinawa. Lors de la conférence de presse donnée en marge de son 85e anniversaire, le souverain...

Réservé aux abonnés

S'identifier S'abonner

1 2
Exit mobile version