L'heure au Japon

Parution dans le n°82 (juillet 2018)

Après celles de Vienne en 1873, et de Philadelphie en 1876, l’Exposition universelle de Paris en 1878 suggère au critique Ernest Chesneau, deux articles enthousiastes dans la Gazette des beaux-arts intitulés “Le Japon à Paris”. Le marché se développe, les artistes, de plus en plus nombreux, adoptent formes, compositions, couleurs, voire techniques des objets et des estampes du Japon, jusqu’à ce que le marchand d’art d’Extrême-Orient, Siegfried Bing qui avait contribué après son voyage de 1880 au Japon à faire connaître les estampes des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment celles d’Utamaro ou Les Trente-six vues du mont Fuji de Hokusai, dirige la publication d’un mensuel Le Japon artistique (mai 1888-avril 1891), puis transforme sa galerie en la nommant “L’Art nouveau”, pour promouvoir à partir de 1895 les artistes occidentaux japonisants. On découvre l’art japonais ancien à l’Exposition universelle de 1900 ce qui permet de se rendre compte que l’on ne connaissait que l’art le plus récent. On reste cependant sensible aux motifs décoratifs des pochoirs (katagami), arrivés en grand nombre à la fin des années 1880 lorsque l’impression sur textile se modernise au Japon ; ils vont influencer dès le début du XXe siècle jusqu’aux années 1925-1930 le répertoire décoratif du style “arts déco”. La politique internationale et l’engagement du Japon aux côtés de l’Allemagne jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale isolent le pays, finalement vaincu, et, lors de l’exposition Les sources du XXe siècle organisée en 1961 au musée national d’Art moderne à Paris par le Conseil de l’Europe, il ne sera pas dit un mot de l’influence japonaise sur l’Art nouveau européen alors découvert par le public parisien (Klimt, Gaudi, Gallé et bien d’autres...), bien que la France ait signé un traité de paix avec le Japon en 1952. Certes Edmond de Goncourt, amateur de la première heure, avait...

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