L'heure au Japon

Parution dans le n°11 (juin 2011)

Vous avez récemment dirigé une série d’ouvrages intitulée Le Cinéma japonais est vivant [éd. Iwanami Shoten]. Pourtant, on a l’impression que le 7ème Art nippon a perdu de sa superbe. Il est moins représenté dans les festivals internationaux. On finit par se demander s’il est vraiment vivant. Kurosawa Kiyoshi : Jusque dans les années 1980, les grands maîtres du cinéma japonais occupaient le terrain. Il y avait, par exemple, Kurosawa Akira, Suzuki Seijun, Oshima Nagisa, Imamura Shôhei auxquels je voudrais ajouter Masumura Yasuzô, Fukasaku Kinji et Kumashiro Tatsumi. A partir de la décennie suivante, les cinéastes qui ont fait leur apparition étaient complètement différents. Cela dit, je ne pense pas que ce soit propre au Japon. C’est un phénomène que l’on a pu constater ailleurs dans le monde. Cette nouvelle génération comparée à la précédente a clairement des points faibles, mais je ne pense pas pour autant qu’ils soient moins bons. Prenez par exemple les films de Kitano Takeshi ou Aoyama Shinji. Ils tournent avec de petits budgets, sans vedettes et parfois utilisent de la vidéo. Mais cela ne les empêche pas de faire des films plus ancrés dans la réalité et plus en phase avec leur temps que les anciens grands maîtres japonais. Pour ce qui est de savoir si les festivals internationaux doivent apprécier ou non ces films modernes, ce n’est pas à nous, Japonais, de le dire. Le monde du cinéma au Japon a beaucoup changé depuis une vingtaine d’années. En tant que réalisateur, comment avez-vous ressenti cette évolution ? K. K. : Les conditions de production dans le cinéma japonais ont subi deux grandes évolutions depuis les années 1990. Il y a d’abord eu l’entrée en jeu des chaînes de télévision qui se sont lancées dans la production cinématographique. En 2011, la quasi totalité des films à vocation commerciale sont produits par des chaînes de télé. L’inconvénient, c’est que la qualité des œuvres se rapproche de celles réalisées pour le petit écran. En même temps, l’arrivée des chaînes de télévision a permis de garantir du travail au personnel technique et aux acteurs comme c’était le cas dans le passé. Second changement, le développement de la vidéo. C’est une tendance qui existe aussi ...

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