L'heure au Japon

Parution dans le n°52 (juillet 2015)

Depuis le premier numéro de Zoom Japon en 2010, les auteurs de romans policiers ont pris du galon dans l’hexagone. C’était il y a tout juste cinq ans. Zoom Japon sortait son premier numéro. Grâce à votre soutien et à celui de nos annonceurs, cette aventure éditoriale se poursuit avec toujours la même envie de mieux faire connaître le Japon à un lectorat de plus en plus large. Soucieux d’offrir un contenu de qualité tant sur le plan des articles que sur celui de la photographie, nous conservons un haut niveau d’exigence même si nous restons un “gratuit” comme certains disent avec mépris. Au terme de ces cinq années d’existence, nous sommes fiers de ce que nous avons pu réaliser et il nous a semblé judicieux de faire un bilan par rapport au premier sujet que nous avions abordé dans notre première livraison. Avant de nous lancer dans la réalisation de ce nouveau magazine consacré au Japon, nous avions beaucoup réfléchi à la thématique que nous devions aborder dans le tout premier numéro. C’était en effet crucial, car le choix définitif déterminerait en quelque sorte la ligne éditoriale de Zoom Japon. Il n’était pas question pour nous de proposer un dossier consacré au manga ou à l’animation. Non seulement c’était un peu facile, mais il existait déjà des publications spécialisées bien mieux placées que nous pour réaliser un ensemble sur un sujet comme celui-ci. Cela ne voulait pas dire pour autant que nous nous interdisions d’aborder la culture populaire. C’était juste une question de positionnement général. Nous ne voulions pas non plus publier un premier numéro consacré au Japon traditionnel ou au tourisme dans l’archipel, ce qui nous aurait définitivement ancré dans la catégorie des périodiques de voyages que nous ne cherchions pas à devenir. Cela ne nous a pas empêchés de vous offrir tous les mois des idées de voyages dans l’archipel ni d’explorer des pans de la tradition nippone. Le numéro que vous tenez entre les mains en est d’ailleurs la meilleure des illustrations puisque ce sont les matsuri (fêtes traditionnelles) qui sont à l’honneur. Reste que pour un premier numéro, nous devions faire preuve d’originalité. Et nous avons réussi à atteindre cet objectif en choisissant de mettre l’accent sur un thème qui nous semblait mériter un traitement un peu plus profond que celui dont il avait bénéficié jusqu’à présent. Le polar nippon nous apparaissait alors comme un sujet prometteur. Les éditeurs français commençaient à s’y intéresser plus sérieusement. Nous avions même débusqué une jeune maison d’édition implantée dans l’ouest de la France qui s’apprêtait à faire du roman policier japonais sa marque de fabrique. Les livres avaient été traduits et imprimés, mais finalement l’entreprise ne les a jamais commercialisés. Il faudra attendre quelques années pour que l’éditeur Philippe Picquier se substitue à elle. Malgré cette déconvenue, le titre choisi alors “Le polar nippon sort de l’ombre” s’est avéré en définitive tout à fait judicieux. En effet, depuis la parution du numéro 1 de Zoom Japon, le roman policier venu du pays du Soleil levant a pris pied en France. A tel point que l’on peut voir désormais des librairies en mesure de faire des vitrines consacrées à la littérature policière japonaise avec des auteurs dont on avait à peine entendu parler il y a cinq ans. Higashino Keigo, Nakamura Fuminori, Minato Kanae, Kakuta Mitsuyo, Isaka Kôtarô font partie aujourd’hui de cette catégorie même si certains d’entre eux ne sont pas spécialisés dans le genre polar. Il n’empêche qu’ils apportent un nouveau souffle avec des approches et des sensibilités bien différentes de celles que l’on rencontre dans le roman policier venu d’outre-Atlantique ou de Scandinavie. La plupart d’entre eux ancrent leurs histoires dans la réalité japonaise, offrant ainsi une ouverture sur une société qui reste pour beaucoup de lecteurs lointaine et parfois exotique. C’est évidemment un excellent moyen d’appréhender ce pays en évitant les clichés auxquels un écrivain non japonais aurait été tenté de recourir pour satisfaire son éditeur. Avec un romancier nippon, on pénètre tout de go dans un Japon parfois étonnant et dérangeant, mais bien réel que seul un auteur du cru est en mesure de transmettre avec sa perception toute locale. C’est d’ailleurs cette approche qui domine dans les quelques romans noirs made in Japan apparus dans les rayons de nos librairies au cours des dernières semaines. Aussi à l’approche des vacances d’été, moment privilégié pour la lecture, on ne peut que vous recommander de vous les procurer et de les dévorer. Chacun à leur manière, ils apportent un supplément de...

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