L'heure au Japon

Parution dans le n°34 (octobre 2013)

Le rapport que les Japonais entretiennent avec l’ekiben a évolué au cours des dernières décennies. Enquête. Pour bon nombre de gens au Japon, l’ekiben évoque l’image bucolique de trains locaux avançant lentement le long des côtes de l’archipel ou grimpant des montagnes escarpées. Cet aspect romantique du voyage en train n’a jamais été remis en cause par les trains à grande vitesse et leur profil futuriste, mais c’est au niveau de la réalité économique que les fabricants d’ekiben rencontrent plus de difficultés que dans les années 1960 et 1970. La popularité des ekiben a atteint son apogée au milieu des années 1950, une décennie avant l’introduction du shinkansen. Depuis cette époque, leurs ventes se sont progressivement dégradées pour diverses raisons. Tout d’abord, la mise en service du train à grande vitesse a considérablement réduit la durée des trajets et donc le précieux temps indispensable pour savourer ces boîtes-repas. Par ailleurs, certains voyageurs préfèrent acheter des produits un peu moins cher plutôt que de se payer un ekiben dont le prix est plus élevé. Il faut également prendre en considération le fait qu’un nombre croissant de personnes voyagent désormais en voiture, en avion ou en autocar, renonçant au rituel de l’ekiben. En conséquence, le nombre de fournisseurs de boîtes-repas s’est réduit. A cela, il convient de se pencher sur la politique mise en œuvre par les compagnies ferroviaires. Le groupe JR qui contrôle une bonne partie du réseau favorise ses filiales spécialisées dans la production d’ekiben tout en étendant les points de vente lui appartenant, ce qui a pour effet de favoriser la disparition de nombreuses entreprises locales. Cela dit, l’ekiben reste populaire auprès des amateurs de voyages en train, des fans de train et des amoureux de bonne chère. Aujourd’hui encore, il existe près de 3 000 sortes d’ekiben dans tout l’archipel. Selon le spécialiste de l’ekiben, Uesugi Tsuyoshi, il est vrai que les voyageurs en achètent moins que par le passé dans les gares, mais qu’il y a un nombre croissant d’acheteurs dans les grands magasins lorsque ces derniers organisent des événements autour de ce produit typique. “Il est évident que les quinquagénaires et les sexagénaires entretiennent une certaine nostalgie vis-à-vis de leur région natale et du bon vieux temps. L’ekiben s’inscrit dans cette relation à l’égard du passé. Du coup, le lien entre ekiben et voyage s’est quelque peu atténué pour donner naissance à...

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