
Le riz domine la plupart des paysages dans l’Archipel quelle que soit la saison. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Au cœur de la culture japonaise, cette céréale est aujourd’hui menacée par certains changements d’habitudes. Le riz et le Japon sont inséparables. Il fait tellement partie intégrante de la vie japonaise qu’il apparaît partout. En effet, certains des aliments dont les visiteurs étrangers ne tarissent pas d’éloges sont faits à base de riz : des sushis aux onigiri (boulettes de riz) vendus dans les supérettes et les magasins spécialisés, sans oublier, bien sûr, les omniprésents o-bentô (boîtes-repas) qui se déclinent en une infinité de variétés et peuvent être achetés dans les supermarchés, les grands magasins et même les gares.Mais le riz n’est pas seulement un aliment : il est au cœur de la vie et de la culture locales. La collaboration et le partage, par exemple, sont des valeurs très importantes dans la société japonaise, et l’on peut en trouver l’origine dans la façon dont le riz est produit au niveau communautaire. Au cours de l’histoire, des rivières ont été endiguées, leur débit a été modifié pour le ralentir, et des étangs et des canaux d’irrigation ont été construits pour alimenter les rizières. Un système créé par la valorisation de l’eau est la raison pour laquelle des entrées et des sorties d’eau sont prévues dans les rizières, et nombre d’entre elles sont reliées pour que l’eau s’écoule en séquence. Cette attitude de partage est également soulignée lors des matsuri (voir Zoom Japon n°62, juillet 2016), ces fêtes locales qui ont lieu d’abord en été, lorsque les gens prient pour une récolte abondante, puis en automne, cette fois pour remercier les dieux.Le riz est également un élément central du paysage japonais. Il suffit de quitter les grandes villes pour rencontrer des étendues apparemment infinies de campagne et même des zones suburbaines pleines de rizières soigneusement découpées dont les changements d’aspect et de couleur nous rappellent le changement des saisons. Au printemps, la surface de l’eau brille comme un miroir après la plantation du riz ; en été, les beaux épis de riz poussent rapidement sous le soleil puissant et ondulent dans la brise, telle une mer verdoyante, puis deviennent dorés à l’automne juste avant la récolte ; et tout devient calme en hiver, lorsque les rizières endurent le froid rigoureux tout en accumulant tranquillement de la terre.Si la culture du riz est devenue populaire au Japon, c’est grâce à son climat idéal (chaud et humide), et au fait que l’eau, contenant beaucoup de minéraux souterrains, devient un nutriment et permet de cultiver les mêmes champs année après année. Depuis qu’elle a été introduite de Chine, il y a 3 000 ans, cette céréale est devenue l’aliment de base dans le pays, assurant la vie de millions de personnes. Les techniques de sa culture se sont rapidement répandues vers l’est, à travers l’Archipel. Comme on a pu l’observer au niveau de la céramique, de Kitakyûshû à la région centrale du Tôkai, on estime que les techniques de culture se sont imposées en 200 à 300 ans environ. À cet égard, on pense que la période Yayoi (800-400 av. J.-C. - 250 apr. J.-C.)a marqué un tournant, le riz ayant remplacé les noix comme aliment de base. La diffusion de la culture du riz...
